Trissotin 2017

 
 
 
 
 
« C’est un parleur étrange, et qui trouve toujours,
L’art de ne vous rien dire, avec de grands discours »
Molière (Le Misanthrope. Acte II. Scène IV)
 
« Je pense qu’aussi longtemps que la diplomatie permet d’éviter la guerre, elle est préférable. »
Emmanuel Macron
 
« Parmi les péchés en parole, il faut éviter les paroles inutiles, c’est-à-dire celles qui ne servent en rien ni à celui qui les prononce ni à autrui. »
Saint Ignace de Loyola
 
« L’exigence de l’optimisme est la voie de l’espoir que nous voulons. »
Emmanuel Macron
 
« On cherche ce qu’il dit après qu’il a parlé »
Molière (Les Femmes savantes. Acte II. Scène VII)
 
« Il vous appartient de poursuivre le chemin jusqu’au bout et au-delà. »
Emmanuel Macron
 
« J’essaie de dire des choses — enfin j’espère. »
 
Emmanuel Macron
 
 
 
Molière est éternel.
Comme tous les grands écrivains, il capte dans ses personnages ce que l’homme a de permanent ; ce qui, par-delà les époques, les cultures et les mœurs, se manifeste immanquablement, sous des masques divers.
Il n’y a en effet que les progressistes et les incultes — mais c’est la même chose — pour croire que l’homme change fondamentalement ; il n’y a que les moulins à stéréotypes contemporains pour « penser » qu’il n’y a pas d’invariants anthropologiques : de tronc commun éternel à partir duquel se développent les branches, éphémères, propres à chaque époque.
 
 
Molière est un écrivain ; cela suffit à le différencier des pitres écrivassiers qui, de Marc Levy à Jean d’Ormesson, empoisonnent les cerveaux contemporains avec leur prose incolore, plate et sans vie.
Molière est un écrivain ; c’est pour cela que, trois siècles et demi après sa mort, il est bien plus vivant que tous nos graphomanes contemporains. C’est pour cela qu’à lui seul, il nous apporte sur notre temps un éclairage bien plus précieux que tous ces impotents réunis.
C’est parce qu’il est un écrivain que, trois siècles et demi après sa mort, il est infiniment plus actuelque tous ces anti-artistes qui tomberont dans l’oubli dès que le soleil médiatique se couchera sur leur imposture.
 
Il faut lire Molière, donc. Le lire et le relire. La vie est trop courte pour perdre son temps à ne pas lire Molière.
D’autant qu’en vérité, on gagne un temps fou, à lire Molière. On prend un plaisir fou, et on gagne un temps fou ; car on comprend en une comédie ce que d’autres expriment péniblement sur plusieurs centaines de pages, sans style et sans clarté. Et puis surtout, en lisant Molière, on réalise que les protagonistes de notre époque ont déjà été décrits, pour une large part. Décrits, analysés et mis en boîte.
 
Pour ne prendre qu’un exemple, la campagne présidentielle qui s’achève fut un long hommage à Molière. Hommage involontaire, bien sûr, tant la haine de la France et singulièrement de son art (qui « n’existe pas », dixit l’un des candidats) est vivace chez la quasi-totalité des candidats — et la majorité des électeurs. Mais hommage quand même. En cela, d’ailleurs, cette campagne aura été brillante. Hélas, en cela seulement.
 
Ainsi, François Fillon, c’est à la fois Harpagon et Tartuffe. Le pingre et l’imposteur. Le chantre de l’austérité qui porte des pulls à mille euros la manche — payés par le contribuable. Le champion de la sobriété qui se love dans des costumes qui coûtent un an de SMIC —

… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :

14 commentaires sur « Trissotin 2017 »

  1. Moi qui depuis ce matin étais triste et de mauvais poil en pensant au résultat probable de ce soir…vous m'avez redonné le sourire. Sourire en arrivant au bureau de vote, même en voyant l'affiche de Trissotin intacte à coté de celle de Marine déchirée et sourire encore quand j'ai glissé mon bulletin « Marine » dans l'urne…Rien que pour cela, un grand merci!

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  2. Superbement écrit.Vous avez la puissance d'écrire un livre..Qui ne serait pas catégoriser dans les « cacographes et ecrivaillons » chez un critique littéraire faisant la « dissection du cadavre de la littérature » tel Juan Asensio.UnLorrain.

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  3. Ce trissotin, amateur de théatre paraît-il, a donc connaissance de l’oeuvre de Molière (bien que ce cuistre prétende qu’il n’y a pas de culture française), mais qu’en a-t-il donc retenu ? Ce triste « cire » n’est qu’un fâcheux.

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  4. Nous nous serons croisés sur un autre blog où, chacun à sa manière tenta de sonner l'alarme devant le danger. En vain. Il n'y a pas de culture française, disait Macron repris par l'écho des salons parisiens. Il n'y a « plus » de culture, aurait-il du dire.En tout cas, chapeau bas ici à une plume qui dans un style fort divertissant a su de main de maître disséquer la personnalité d'un faussaire.Souhaitons qu'après ces 5 longues années à venir, il restera encore un peu du beau pays de nos aînés, que nous ne pourrons hélas plus revivre qu'à travers un folklore désuet. Si dans notre malheur, on peut se consoler avec le départ d'un gros nul, il est rageant et consternant de constater que l'on eut à l'Élysée un âne président qui nous donna un « fils » – un fait sans précédent.Bien à vous. Bonne continuation.

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  5. Rien, sinon la passivité stupide des Français. Baudelaire en son temps disait: »En France, la liberté est limitée par la peur des gouvernements ; en Belgique, elle est supprimée par la sottise nationale. » Plus rien aujourd'hui ne distingue les Français des Belges.

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  6. Nous sommes le 26 octobre 2019, à mi-mandat de Macron… Bravo pour ces quelques lignes extraordinaires de lucidité sur ce qui nous attendait. Cet infâme Trissotin semble reparti pour un nouveau tour ! Je hais tous ces Orgons de France qui nous ont plongé dans la gadoue.

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