Quand le ciel rose et bleu
Offre ses derniers feux
À mes yeux tristes et las
Et que, baissant les bras,
Je laisse en moi monter
L’insistante marée
De la mélancolie,
Placide, sans un bruit
(Sauf le grésillement
Du mégot finissant)
Je m’allonge, et j’attends
Que passent mes tourments ;
Les nuages ouatés
Bercent ma volonté,
Mes pensées se consument
En douces amertumes
Et les vagues volutes
S’estompant lentement,
Mon âme s’abandonne
À l’engourdissement.
Joli!
Allez donc parcourir la ville, et ses ruelles aux vieilles pierres chaudes qui embaument la vie qui passe.
Tenez un poème d’espoir pour vous relever :
Si notre vie est moins qu’une journée
Si notre vie est moins qu’une journéeEn l’éternel, si l’an qui fait le tourChasse nos jours sans espoir de retour,Si périssable est toute chose née,Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,Si pour voler en un plus clair séjour,Tu as au dos l’aile bien empanée ?Là, est le bien que tout esprit désire,Là, le repos où tout le monde aspire,Là, est l’amour, là, le plaisir encore.Là, ô mon âme au plus haut ciel guidée !Tu y pourras reconnaître l’IdéeDe la beauté, qu’en ce monde j’adore.
Joachim du Bellay,L’Olive
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