
J’ai toujours considéré que le remplacement du cheval par le moteur à explosion marquait une étape très sombre de l’histoire de l’humanité.
Winston Churchill
Pour savoir ce qu’il faut conserver, il suffit de savoir ce que les progressistes veulent supprimer. Et ces tarés, désormais, veulent supprimer les animaux. Au nom de l’écologie. Vous avez bien lu : éradiquer les animaux, voilà le dernier chic en matière d’écologie. Puisque je vous dis qu’Orwell était nul…
Écolocauste : le programme des écolos tient en un mot. Tout doit disparaître. Sauf les arbres, bien sûr. Enfin, les rares arbres qui n’auront pas à passer à la tronçonneuse pour qu’au lieu des moches forêts, s’étendent à l’horizon de beaux socles en béton et leurs pimpantes turbines déchiqueteuses d’oiseaux — c’est la seule utilité qu’on ait trouvée à ces débris géants nommés éoliennes.
Tout homme qui pense l’a compris : l’écologisme est un nihilisme. Une rage de détruire qui se drape de vert(u). Les écologistes sont l’incarnation la plus aboutie du Tartuffe : du malfaisant qui pose à l’innocent. Leur prétendu amour de la nature est le masque de leur haine de l’Homme. Haine de l’Homme qui implique la haine des animaux. Nécessairement. Car les animaux, c’est l’école de la douceur. Les animaux, c’est l’innocence, l’ingénuité, c’est la fragilité ; c’est les êtres dont le sort ne dépend que de notre pitié. Cette vulnérabilité nous engage à la tendresse. À la bienveillance. À la compassion. Les animaux nous humanisent. Un monde sans animaux est un monde inhumain. Ce n’est pas par hasard que le monde progressiste est le premier monde sans animaux… pas par hasard que Churchill écrivait : « J’ai toujours considéré que le remplacement du cheval par le moteur à explosion marquait une étape très sombre de l’histoire de l’humanité. » Avec l’abandon des animaux a commencé la robotisation de l’Homme. L’endurcissement de son cœur. L’assèchement de son âme. En faisant disparaître de son quotidien ces incarnations de l’innocence, l’Homme a pour ainsi dire brisé un miroir inversé. Gommé un contraste bien utile entre la pureté de l’animal, et le Mal tapi en lui… toujours en embuscade… toujours prêt à bondir… Un contraste troublant qui, insensiblement, suscitait une gêne rappelant à l’Homme que le travail sur soi pour juguler ses vices n’est jamais terminé. Effet subtil, quasi-imperceptible de la présence animale, qui par son innocence développe la tempérance… Quand on n’est qu’entre humains, on est entre barbares : voilà pourquoi le barbare progressiste veut éliminer toute présence animale. Jusqu’à la prise de pouvoir de ce monstre, hommes et animaux cohabitaient ; quotidiennement ils se croisaient, le chevalier et sa monture, le paysan avec ses bêtes, les chiens errants dans les villages, les poules, vaches et cochons… et puis encore, il y a peu, il y a moins d’un siècle, le citadin et les chevaux à la place des Uber. « L’extérieur du cheval exerce une influence bénéfique sur l’intérieur de l’homme. » Churchill, encore… La compagnie des animaux instillait une candeur, un climat de douceur dont nos ancêtres, je crois, mesuraient la valeur. Il ne me semble en effet pas fortuit que les plus grands artistes, dans leurs plus grandes œuvres, aient ardemment tenu à rendre hommage aux animaux. Les Pèlerins d’Emmaüs, par exemple. De Véronèse. Au premier plan, devant Jésus, deux jeunes filles embrassent tendrement un gros chien bien docile… et puis à droite, un petit chat… et puis encore un chien, dans les bras d’un enfant… Véronèse sait peindre… il sait guider notre œil… et il sait donc très bien qu’en composant ainsi, ces deux chiens et ce chat voleront la vedette à Jésus… Comme ces lions hilarants, l’un outrancièrement féroce, l’autre penaud émasculé, volent effrontément la vedette à Henri IV et Marie de Médicis dans L’Arrivée de la reine à Lyon par le plus grand des peintres : Rubens. Mais revenons aux Pèlerins d’Emmaüs. Et oublions Véronèse : préférons-lui Titien. Mille fois supérieur. Composition, couleur, et surtout ce Jésus… ce visage fascinant… envoûtant… surnaturel… Pour qui sait regarder, l’effet est hypnotique… longues minutes aimanté… rivé à ce visage… ce visage littéralement extra-ordinaire. Qu’a-t-il pu se passer, à ce moment précis, pour que Titien parvienne à peindre un tel visage ? Qui a guidé sa main ? Car si génial qu’il soit, Titien n’a jamais pu repeindre un visage de la sorte… Mais le mystère fatigue : l’esprit cherche le repos : notre œil quitte Jésus pour admirer les objets répandus sur la table… leurs textures gourmandes… puis les plis de la nappe… ses motifs ciselés… le Titien était aussi un orfèvre… et puis enfin, vagabondant, notre œil finit par remarquer la scène. L’autre scène. La scène terre à terre dans la scène solennelle. La scène qui se déroule au même moment, au même endroit que l’un des événements les plus prodigieux qu’on puisse imaginer, et que Titien a jugé bon de représenter. Jésus ressuscité apparaît à ses disciples, et en même temps, un chat et un chien s’engueulent. Et Titien tient à ce qu’on le sache. Et Titien tient à ce qu’on les entende, ces deux potes à quatre pattes. C’est réussi : on les entend. Très bien. Les feulements du félin et les jappements du clebs. Et puis on sait aussi que dans moins d’une seconde ces deux dingues vont bondir, rebondir, regueuler de plus belle pendant qu’au-dessus, quatre hommes en révérence vivent un instant de grâce… Incursion du banal dans le paranormal. La vie ne s’arrête pas, même pendant un miracle… Dédramatisation. Ce chien et ce chat déconstipent la scène, ils y apportent leur insouciance, leur candeur, leur légèreté : ils la réhumanisent. Et c’est comme ça dans tout l’art catholique, jusque dans l’événement fondateur de cette religion de la douceur : la naissance du Christ. Une naissance qui a lieu littéralement chez les animaux. Dans la paille d’une étable. Jésus vient au monde parmi les animaux. Les hommes n’en voulaient pas : ce sont l’âne et le bœuf qui, les premiers, accueillent Jésus. Le réchauffent. Ce sont l’âne et le bœuf qui réchauffent Dieu fait homme. Depuis, dans toutes les crèches, on peut voir ces acteurs du plus beau des miracles. Présence indispensable… douceur irremplaçable… Dans la civilisation catholique, les animaux sont partout. De la ferme du plouc aux chefs-d’œuvre du génie. Et puis viendra le temps de la haine de Jésus… de la haine de la crèche… de tous ses personnages… « Tout le toit aux bœufs était consumé. Mais ce qui fit grande compassion et fit verser des larmes, c’est que ces démons bleus avaient bien éventré, à coups de sabres et de baïonnettes, toutes nos pauvres bêtes. Quelle rage d’enfer ! Quel mal ces pauvres bêtes faisaient-elles à la République ? » Ainsi témoigne Marie Trichet, survivante du génocide vendéen. Avec les Lumières commence l’écolocauste. De la haine de Dieu à la haine de la Création… Et singulièrement des premiers témoins de la naissance du Christ : ce n’est pas par hasard que l’Union européenne multiplie les appels à exterminer des millions de bovins… Dans cette pure barbarie qu’est l’Occident déchristianisé, sont chaque jour moins nombreux les cœurs authentiquement émus par les animaux. Il reste les artistes, bien sûr, les vrais, les grands. Il y a Nietzsche, qui s’effondre en pleurs à la vue d’un cheval battu ; et il y a Céline : « Il n’en avait plus de dos ce grand malheureux, tellement qu’il avait mal, rien que deux plaques de chair qui lui restaient à la place, sous la selle, larges comme mes deux mains et suintantes, à vif, avec des grandes traînées de pus qui lui coulaient par les bords de la couverture jusqu’aux jarrets. Il fallait cependant trotter là-dessus, un, deux… Il s’en tortillait de trotter. Mais les chevaux c’est encore bien plus patient que des hommes. Il ondulait en trottant. […] En montant dessus son dos, ça lui faisait si mal qu’il se courbait, comme gentiment, et le ventre lui en arrivait alors aux genoux. » « C’est notre hérisson, Dodard… vraiment un gentil animal… mais carapateur ! il tient pas en place !… et que je te trotte !… il sort pas ses piques, il nous connaît… » Céline et son hérisson Dodard… et son chat Bébert… et sa chienne Bessy… « une chienne que j’adorais… et elle aussi… je crois qu’elle m’aimait… elle est morte ici à Meudon, Bessy, elle est enterrée là… elle a bien souffert pour mourir… je lui tenais la tête… je l’ai embrassée jusqu’au bout… c’était vraiment la bête splendide… une joie de la regarder… une joie à vibrer… comme elle était belle !… mais elle a souffert pour mourir…. je voulais pas du tout la piquer… elle aurait eu peur de la seringue… je lui avais jamais fait peur… je l’ai eue, au plus mal, bien quinze jours… oh ! elle se plaignait pas, mais je voyais… elle avait plus de force… elle couchait à côté de mon lit… un moment, le matin, elle a voulu aller dehors… elle s’est allongée joliment… c’était la fin… elle est morte sur deux… trois petits râles… oh, très discrets… sans du tout se plaindre… en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue… mais sur le côté, abattue, finie… le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d’où elle venait, où elle avait souffert… Dieu sait ! Oh ! J’ai vu bien des agonies… ici… là… partout… mais de loin pas des si belles, discrètes… fidèles… ce qui nuit dans l’agonie des hommes c’est le tralala… l’homme est toujours quand même en scène… » Et puis aussi sensible, aussi à fleur de peau que Céline, il y a bien sûr Baudelaire et son poème en prose Les bons chiens. « Que de fois j’ai pensé qu’il y avait peut-être quelque part (qui sait, après tout ?), pour récompenser tant de courage, tant de patience et de labeur, un paradis spécial pour les bons chiens, les pauvres chiens, les chiens crottés et désolés. Swedenborg affirme bien qu’il y en a un pour les Turcs et un pour les Hollandais ! […] Je chante les chiens calamiteux, soit ceux qui errent, solitaires, dans les ravines sinueuses des immenses villes, soit ceux qui ont dit à l’homme abandonné, avec des yeux clignotants et spirituels : « Prends-moi avec toi, et de nos deux misères nous ferons peut-être une espèce de bonheur ! » » De deux misères faire un bonheur… Combien d’hommes et de femmes, dans ce monde glacial, comprennent ces paroles ? Combien de malheureux dont l’unique réconfort est un ange à quatre pattes ? Combien d’âmes brisées qui ne sombrent pas complètement grâce au petit animal qui partage leur vie ? Avec les animaux, c’est un monde de douceur qui s’en va. C’est le dernier refuge de la tendresse qui tombe. C’est l’ultime sanctuaire de l’affection qui est profané. C’est ce monde invivable que veut le progressiste. Le combat qu’il vient d’engager contre les animaux domestiques est une guerre à l’innocence. À la tendresse. À la seule consolation de millions de malheureux. Dans le programme progressiste, toute figure d’affection doit être supprimée. Pour que l’Homme oublie jusqu’au souvenir de la douceur. Et devienne un pur monstre.
Mise à jour novembre 2024… :
Très beau texte. et vous avez bien raison!
Joyeux Noël!
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Merci. Joyeux Noël à vous et à tous mes excellents lecteurs.
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Merci pour ce texte émouvant qui n’efface pas ma rage envers les écolodingo et cette infâme UE !!!
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