Infantilisation, animalisation, déshumanisation

La sagesse populaire dit que « le rire est le propre de l’homme ». A quoi je serais tenté d’ajouter « de l’homme adulte ».

Si je dis vrai, si la sagesse populaire dit vrai, comment devons-nous interpréter la disparition progressive du rire ?

3 commentaires sur « Infantilisation, animalisation, déshumanisation »

  1. Mais il rit, le progressiste ! Plus exactement, il ricane, parce que le rire moderne, c'est l'arme désacralisatrice par excellence, comme l'avait fort bien vu l'Elsworth Toohey de The Fountainhead (La source vive) dans son meilleur discours : “Here’s another. Kill man’s sense of values. Kill his capacity to recognise greatness or to achieve it. Great men can’t be ruled. We don’t want any great men. Don’t deny conception of greatness. Destroy it from within. The great is the rare, the difficult, the exceptional. Set up standards of achievement open to all, to the least, to the most inept – and you stop the impetus to effort in men, great or small. You stop all incentive to improvement, to excellence, to perfection. Laugh at Roark and hold Peter Keating as a great architect. You’ve destroyed architecture. Build Lois Cook and you’ve destroyed literature. Hail Ike and you’ve destroyed the theatre. Glorify Lancelot Clankey and you’ve destroyed the press. Don’t set out to raze all shrines – you’ll frighten men, Enshrine mediocrity – and the shrines are razed.Then there’s another way. Kill by laughter. Laughter is an instrument of human joy. Learn to use it as a weapon of destruction. Turn it into a sneer. It’s simple. Tell them to laugh at everything. Tell them that a sense of humour is an unlimited virtue. Don't let anything remain sacred in a man’s soul – and his soul won’t be sacred to him. Kill reverence and you’ve killed the hero in man. One doesn’t reverence with a giggle. He’ll obey and he’ll set no limits to obedience – anything goes – nothing is too serious.” »Kill by laughter » : c'est pour des formules de ce genre qu'on peut énoncer que Rand, c'est beaucoup plus que Rand l'inculte, Rand la parfois incohérente, Rand la parfois sotte, mais Rand la parfois géniale.Hem… je crois me souvenir que Dieu (incarné ou non) ne rit pas et ne fait pas rire, sinon par l'immense Chesterton interposé. 🙂

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  2. Vous avez raison : le progressiste ne rit pas, il n'en est pas capable : il ricane. Le ricanement est l'antithèse du rire. Le rire est l'expression de la critique. Le ricanement est le masque de la haine.

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  3. A tout hasard, le même texte dans sa traduction française, décente et officielle, La source vive : « En voici un autre [de moyen pour asservir] : tuer en un homme le sens des valeurs. Détruire en lui la capacité d’accomplir quelque chose de grand ou de discerner la grandeur chez un autre. Les hommes de valeur ne peuvent pas être dominés. Nous n’en voulons plus. N’essayez pas de nier la conception de grandeur, détruisez-la de l’intérieur. Ce qui est grand est ce qui est rare, difficile, exceptionnel. Établissez une échelle des valeurs telle que les plus médiocres, les plus obtus puissent parvenir au sommet, et vous tuerez chez les hommes de valeur le goût de l’effort. Vous détruirez ainsi tout motif de progrès, d’excellence, de perfection. Riez de Roark et faites de Peter Keating un grand architecte, c’est à l’architecture que vous nuisez. Servez-vous de Loïs Cook contre la littérature, de Ike contre le théâtre. Mettez Lancelot Clokey au pinacle, et vous faites du tort à la presse. N’essayez pas de détruire les autels… vous effrayeriez l’humanité. Mais élevez un autel à la médiocrité et votre but sera atteint.Et il y a encore un autre moyen : tuer par le rire. Le rire est l’expression de la joie. Apprenez à vous en servir comme d’un instrument de destruction. Tournez-le en ricanement. C’est très simple. Apprenez aux hommes à rire de tout. Répétez-leur que le sens de l’humour est une vertu inappréciable. Que plus rien de sacré ne subsiste dans une âme humaine, et cette âme est à vous. Tuez l’admiration et vous aurez tué ce qu’il y a d’héroïque dans l’homme. On ne révère plus rien si l’on se rit de tout. »

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