Les agressions qui se multiplient dans les Uber sont passionnantes. Terribles, mais passionnantes. Terribles, ou plutôt regrettables : ne soyons pas plus royaliste que ces reines agressées qui, tout en se plaignant de leurs agresseurs, éludent obstinément la question de leur apparence, comme si elles cherchaient à les protéger d’on ne sait quelle stigmatisation (révélant ainsi ce qu’ils ne sont pas — des porcs à balancer —, et donc ce qu’ils sont)… Qui protège ses agresseurs doit s’attendre à ne recevoir un soutien que modéré.
Terribles ou regrettables, ces agressions sont passionnantes : elles sont les signes avant-coureurs de la fin d’un monde. Ces agressions sont une fissure irrémédiable dans l’édifice libéral. Un désaveu cinglant de son principe fondamental : l’interchangeabilité des hommes. Une réfutation tranchante de l’idée folle — et pourtant hégémonique — selon laquelle les cultures, les histoires, les religions ne comptent pas. L’idée folle, et hégémonique, que les civilisations n’existent pas.
« Les cultures comptent, les histoires comptent, les religions comptent ; les civilisations existent » : voilà ce que nous disent ces agressions.
Nous ne sommes pas interchangeables. Un Français pétri de culture catholique (pléonasme) n’est pas un Algérien élevé au Coran. Une Française élancée en talons – décolleté n’est pas une Saoudienne visqueuse en babouches – burqa. Et cela, aucune licorne de la fintech, aucun incubateur de start-up, aucune pépite du e-learning n’y changeront rien.
Mais les libéraux ne le savent pas. Les libéraux ne savent rien. Par définition. Ignorer l’Histoire est la condition sine qua non pour adhérer aux foutaises libérales. N’avoir aucune notion des religions et de leurs dérivés, les civilisations, est indispensable pour prendre au sérieux cet archétype du principe de plaisir qu’est le libéralisme.
Par construction, le libéral est futile. Superficiel. Puéril. Le libéral ignore le tragique de l’Histoire. Il méprise l’angoisse métaphysique de l’être pensant. Il fuit la profondeur en s’enivrant perpétuellement d’un sabir franco-anglais frivole et répugnant.
Quand vous expliquez à un libéral que l’Histoire est tragique, il vous répond tout frétillant « Approche bottom-up ». « Plateforme de crowdfunding ». « Workshop sur la blockchain ». « Consommation éco-responsable ! ». « Je suis écoptimiste ! ». Autant de raisons de se flinguer d’espérer, n’est-ce pas…
En fait d’êtres humains, le libéral voit des chiffres dans des tableaux Excel : jamais des hommes inscrits dans une continuité civilisationnelle. Il voit des bilans et des marges ; jamais des êtres d’émotions et de convictions, ancrés dans un héritage, dépositaires d’une civilisation.
Dans « l’esprit » d’un libéral, la seule différence entre Marie et Aïcha, c’est le prix de l’heure de ménage ; tout ce qui distingue Maurice de Mohammed, c’est le prix de la course pour rentrer de soirée.
Pour un libéral, il n’y a pas d’hommes : il n’y a que des jours-hommes.
Bref, le bobo libéral ne voit que des larbins. C’est là sa conception — subtile et fraternelle — de l’humanité. Quel larbin est le moins cher ? Voilà la seule question existentielle qui habite son cerveau de comptable ; voilà à quoi se résument ses PowerPoint bavards et assommants, tous ses morning meetings et autres lunch sessions passées à avaler des sushis livrés par un esclave noir à bicyclette (ironiquement floqué « Deliver-oo »). Il appelle ça le Progrès… et la Bienveillance… et l’amour de la Diversité…
On comprend la gêne des dirigeants d’Uber, la mollesse de leurs réactions : ils ne comprennent pas. La variable « Religion » est absente de leurs équations. Elle n’apparaît dans aucun de leurs reportings. Leurs indicateurs de risques ultra-sophistiqués ont tout prévu, sauf un point de détail : les civilisations. Oh, une paille. Trois fois rien. Des choses vieilles comme l’humanité, et qu’ils considèrent donc avec leur dédain rituel pour tout ce qui n’est pas enrobé d’un jargon de mutant créant l’illusion de la nouveauté. Ce qu’ils ne savent pas, ces cybercrétins, c’est que ce sont eux et leurs chimères économidéologiques qui arrivent bientôt en fin de CDD…
Car c’est la rébellion des larbins des bobos. Ils ont longtemps été dociles, fait le dos rond et la sourde oreille, supporté sans rien dire les galipettes haram de Juliette et Gaspard sur la banquette arrière, mais maintenant ça suffit : dans leur bagnole n’entreront désormais que des bobos halal. Des bobos à charia. Pas des bobos LGBT ni des bobos bombasses. Ou qu’au moins ces gwers couvrent d’un voile pudique leurs comportements de dégénérés, le temps du trajet.
Les larbins se libèrent des bobos libéraux. Les maîtres du monde en costard-sneakers vont faire une découverte révolutionnaire : leurs esclaves ont une âme. Un visage. Une identité. Ces ignares pontifiants vont faire la connaissance d’un concept inédit : la religion. Un concept que, du haut de leur arrogance de winners, ils ont toujours traité avec mépris ; un concept que, du haut de leur ignorance de joueurs de Candy Crush, ils ont toujours considéré en ricanant. Mais rira bien qui rira le dernier…
Les libéraux adorent le changement ? Ils aiment quand y a du moov ? Ils veulent de la vie en mode agile ? Et des changements de paradigmes ? Ils vont être servis… Oui, ces bougistes effrénés vont avoir l’occasion de démontrer leurs somptueuses capacités d’adaptation dans un monde en perpétuelle évolution. De faire montre de leur agilité, de leur flexibilité et de leur souplesse. Et on est curieux de voir comment, cette fois, ils vont opérer le changement de logiciel que requiert cette situation disruptive…
Il est en tout cas très urgent que nos bougistes se bougent : car avec cette mutinerie des larbins, c’est leur bateau qui menace de sombrer. C’est leur prospérité qui risque d’entrer en territoire négatif (pour parler comme ces pédants verbeux). Les immigrés du Maghreb ont été déracinés par et pour ces philanthropes, dans le but de former des bataillons d’automates-consommateurs bien cons, bien impulsifs. Mais la consommation à crédit (nos 2 000 milliards d’euros de dette ne tombent pas du ciel) ne durera pas éternellement… Surtout, ces immigrés ont été amenés pour constituer un réservoir de main d’œuvre bon marché, fouettable à souhait. Or le fouet est en train de changer de mains… L’armée de réserve du libéralisme s’avère être également l’armée de réserve de l’islamisme… Et celui-ci semble susciter des fidélités un peu plus robustes que celui-là…
Cette rébellion des Ubeurs est un révélateur chimiquement pur de l’impasse libérale. Un résumé parfait de son vice de conception. Elle est la sanction de l’ignorance arrogante des libéraux. De leur négationnisme du fait civilisationnel. Elle s’ajoute à la longue litanie des imprévus— car impensés — du libéralisme, comme ces Vélib vandalisés et volés par milliers (et qu’on retrouve à Mayotte et à Bamako) ou ces racailles en trottinette (n’a pas l’élégance d’Al Capone qui veut) qui, après avoir ravagé leur gracieuse monture, s’en débarrassent dans la Seine ou le canal de l’Ourcq…
Les libéraux ont construit leur monde sur ce qu’ils croyaient être le cadavre des civilisations ; or ils avaient mal vu : le cadavre bouge encore. D’où ces lézardes qui se multiplient dans l’édifice libéral, monument terne et prétentieux érigé il y a quelques décennies et menaçant déjà de s’écrouler…
L’utopie libérale périra par où elle a cru vivre : l’immigration. Elle périra pour avoir nié les peuples. Pour avoir postulé un homme sans racines. Sans religion. Sans identité. Un homme sans visage.
Comme toute idéologie reposant sur une conception erronée de l’homme (pléonasme), comme le communisme et ses 70 ans de cauchemar, le libéralisme causera d’infinis désastres, puis disparaîtra. Ce qui est évidemment une bonne nouvelle. A un détail près : le monde des libéraux est aussi le nôtre. Que nous le voulions ou non, nous sommes dans le même bateau que ces tarés ; nous « vivons » dans le monde façonné par ces dingues. Aussi, de même que nous subissons la domination infecte de l’empire libéral, nous endurerons les soubresauts de sa dislocation. Soubresauts d’autant plus chaotiques qu’en embuscade se trouvent les islamistes qui, apportés dans les bagages du libéralisme, sont en train de le déborder, et en passe de le supplanter… Soubresauts d’autant plus angoissants que le libéralisme nous a ramollis… émasculés… rendus vagues, indécis… inertes et flasques… sans but ni envie… Proies idéales. Nos esclaves deviendront-ils nos maîtres ? Nul ne le sait. L’histoire de l’effondrement de ce monde abject sera longue. Pénible. Pleine de secousses et de rebondissements. L’espoir est donc permis : la fin de l’histoire n’est pas écrite. Son début, si. Et il faut être honnête : elle a mal commencé.
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Très juste. Vous ne faites pas dans la dentelle : c'est presque du Caraco. 😉
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En fait ce sera bien pire.Si l'on en croit les hypothèses de Joseph Tainter (« The Collapse of Complex Societies ») il n'y aura PAS d'effondrement car l'effondrement ne se produit que quand il y a une échappatoire qui permet aux populations menacées de quitter la société disfonctionnelle.Dans un système clos tout le monde crève sur place à petit feu.
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Le monde est divisé entre ceux qui ont un vrai coeur et ceux qui ont un coeur de pierre. Les libéraux ont un coeur de pierre. Ou pas de coeur du tout …On voit bien aujourd'hui que certains d'entre nous prenons conscience de ce monde absurde.Et nous avons un vrai coeur pour le voir.Nous nous reconnaissons et c'est une grande consolation de savoir que nous sommes nombreux. On se sent moins seul n'est ce pas ?L'antidote au libéralisme est la conviction que la vie peut être plus belle et riche de sens » quand on répudie un monde où rien n'a plus de valeur mais où tout a un prix » (Alain de Benoist). Cette crise nous donne cette conviction. Et pour nous qui avons un coeur nous saurons rester humble et confiant.Pour ceux qui ont un coeur de pierre ce sera un nihilisme sans fin et sans fond car ils ne sauront pas où se tourner pour éviter leur néant intérieur. Dans un système clos il faut regarder vers le ciel ou les cieux pour voir la lumière. Qui est notre lumière intérieure aussi.
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Toujours des trouvailles de forme dans vos écrits. Et sur le fond, vous êtes loin d'avoir tort.Ce qui est déprimant est la banalité du mal quand des forces obscures le pilotent et en quelque sorte l'excuse. Voir ou plutôt lire Hannah Arendt.Les idéologies et convictions naissent rapidement parmi les hommes, lesquels sont parfois bien instruits, cultivés, et même pétris de religion chrétienne. Voire Heydrich et tous les autres, ou les soviétiques qui ont trouvé des millions d'hommes pour en tuer tranquillement d'autres millions millions dans le goulag. Ils n'avaient pas besoin d'un prophète, voire même croyaient en Dieu.Le Mal est juste banal en fait. Et la propension à le faire rapide.c'est vrai ce que vous écrivez: le libéralisme, le monde moderne depuis des dizaines d'années nous a émasculés, rendus indécis, flasques, lâches, couards, veules … Avant c'était un peu pareil.Mais sans doute, intimement, en était-on pas fier. Bon reste à savoir maintenant comment chacun d'entre nous est prêt et désire mourir:Dignement, lâchement, courageusement, en dormant …Des tragédies, de monstruosités s'annoncent dans notre pays, et ailleurs. La fin d'un monde. Et dans sa chute, les églises ne manqueront pas de se remplir de nouveau, temporairement, comme l'image du dernier éclat de la rose en vase avant sa mort.Alors il est plus que jamais temps de suivre Baudelaire:https://www.youtube.com/watch?v=ZpKb5I6kxbMou d'écouter en boucle la kyrie de la messe en ut de Mozart ou son laudate dominum.A termes, tout ce qui touche à la religion chrétienne, à la liberté, à l'imagination sera interdit. et donc la musique sacrée aussi. (Voir à Toulouse la crèche vivante arrêtée au nom de « Stop aux fachos » !!!)C'est non pas une société qui est attaquée, c'est une société qui se suicide et fait tout son possible pour y arriver.Il y en a qui doivent se réjouir.De toute façon on est déjà morts, alors surtout, n'ayons pas peur.
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