Effacement

Nous aurions dû fêter, il y a quelques jours, le 250ème anniversaire de la naissance de Napoléon. Mais nous nous en foutons. Comme nous nous foutons de tout ce qui date d’avant avant-hier.
Nous sommes un peuple sans histoire. C’est-à-dire un canard sans tête. Il n’y a probablement pas un peuple qui s’intéresse moins à Napoléon que le peuple français. Le président du Brésil, en tout cas, a beaucoup plus d’intuitions napoléoniennes que les Français furieux qui déversent sur lui leur bêtise arrogante (ce qui fait d’ailleurs d’eux l’exacte antithèse du peuple brésilien, dont la gentillesse et la générosité me font presque honte à chaque fois que je me rends dans ce merveilleux pays). Le président du Brésil aurait pu signer cette phrase de Napoléon : « La main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit. » Phrase qui suffit à éclairer la polémique actuelle. Et à la clore. Mais le Français ne veut pas clore les polémiques. Et encore moins les éclairer. Le Français raffole des polémiques. Surtout si elles sont bien connes. Patauger dans sa sottise, s’en barbouiller jusqu’à l’ivresse, brailler sa rage impuissante et éructer son crétinisme hautain, voilà ses plus grandes voluptés. Aussi inculte que sûr de lui, aussi idiot que prétentieux, il a le ridicule du caniche qui s’imagine grand fauve. Qu’il continue à aboyer, donc. Pendant ce temps, la caravane de l’Histoire passe. Et l’observe, mi-rieuse mi-navrée, japper devant sa niche. Puis disparaître au loin. 

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