Au lieu de monopoliser le siège du juge, le journalisme devrait se confondre en excuses au banc des accusés.
Oscar Wilde
Je hais les journalistes. Je leur voue une exécration sans limite. Je ne comprends même pas comment on peut ne pas haïr les journalistes. Comment on peut prononcer ce mot — « journaliste »— sans être parcouru d’un frémissement de dégoût. Ou plutôt si, je le comprends trop bien. C’est même précisément pour ça que j’écris ce texte.
Bien sûr, on m’objectera que la haine n’est pas un sentiment noble. Qu’elle ne mène à rien. Quelques moutons bêleront même doctement que la haine du journalisme est un marqueur d’extrême-droite. Un signe incontestable de fascisme. Qu’ils aillent expliquer ça à Oscar Wilde, pour qui « le journalisme justifie son existence par le grand principe darwinien de la survie du plus vulgaire » et les journalistes, ces « plumes consciencieuses d’illettrés », ont pour seule fonction de crétiniser et d’avilir les masses (preuve, au passage, que la perception du journalisme comme nuisance majeure ne date pas d’hier, du moins chez les esprits éclairés). Qu’ils aillent expliquer ça à Henri Béraud, qui écrivait que « le journalisme est un métier où l’on passe la moitié de sa vie à parler de ce qu’on ne connaît pas, et l’autre moitié à taire ce que l’on sait ». Qu’ils aillent expliquer ça au général de Gaulle, qui trouvait « impossible d’imaginer une pareille bassesse » que celle des journalistes, et déclarait : « le jour où Le Figaro et l’Immonde [c’est le petit nom qu’il donnait au quotidien de déférence] me soutiendraient, je considérerais que c’est une catastrophe nationale ». Ces imputations de fascisme sont évidemment pitoyables ; elles procèdent toujours de la même « stratégie » de défense (initiée par nos amis les communistes voilà plus de 80 ans — mais les journalistes, ces grands novateurs, ne s’en lassent pas), cette technique éculée consistant à fasciser ses contradicteurs dans l’espoir de disqualifier d’avance leurs propos et, surtout, de ne pas avoir à les combattre sur le terrain des arguments.
Je disais donc que je vomissais les journalistes. Bien sûr, pas à titre personnel. Je ne vise aucun journaliste en particulier. Il ne me viendrait pas à l’idée, par exemple, d’appeler à frapper un ou des journalistes. Pour quoi faire, d’ailleurs ? Quel intérêt ? Un journaliste mérite-t-il une telle dépense d’énergie ? Et puis surtout, ce serait trop cruel : le sort où les journalistes sont placés est déjà bien assez horrible. Pas la peine d’en rajouter : leur existence est leur châtiment. Ils sont leur enfer à eux-mêmes. Cette existence de servilité, de lâcheté sans limite, d’avalages continus de chapeaux, d’abdication de toute pensée personnelle au profit de…
… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :
« La seule manière de gagner de l’argent est de travailler de manière désintéressée. » Je révère Baudelaire, mais je dois me résoudre à cette désillusion : Baudelaire avait tort. Pour écrire, j’ai ruiné ma carrière. J’ai tiré un trait sur les gros salaires que me promettait mon gros diplôme de grosse école d’ingénieurs. Et je vais au devant de procès, d’intimidations, de saccages de ma vie sociale et de tourments en tous genres… J’en suis donc arrivé à me dire, peut-être orgueilleusement, que l’ivresse de mes textes valait bien celle d’un demi-demi de bière. Par mois… Et je me suis même dit, peut-être ingénument, que ceux qui m’appréciaient seraient heureux de pouvoir me témoigner leur gratitude par ce petit geste. Un petit geste pas si petit, à l’aune de l’effet qu’il aurait sur ma confiance et sur mon engagement… Un petit geste qui pourrait susciter de grandes choses… car si écrire est une activité solitaire, on est bien moins fécond lorsqu’on écrit dans le désert… Merci d’avance, donc, à ceux qui estimeront que mon temps, mes efforts, mes sacrifices, et surtout le plaisir qu’ils prennent à me lire valent bien ce petit geste de reconnaissance. Et d’encouragement. Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce siècle barbare, les belles plumes sont une espèce de plus en plus rare… une espèce menacée…
Ce texte fait partie de l’ouvrage :
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Bravo ! Tout ce que je pense des « journalistes » est magnifiquement décrit dans cet article ! Votre talent a su mettre en mots le fond de ma pensée et je vous en remercie ! Si seulement il pouvait être largement diffusé, il apporterait une belle pierre à la prise de conscience.
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Quel texte magnifiquement écrit, quel style! Tout est dit, et dans un français digne de nos grands classiques.Je viens de lire ce texte chez Corto74.blogspot.fr
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Je dois être sévèrement maso car, bien que journaliste, j'ai trouvé ce texte parfait…
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magnifique ! je m'en servirai…
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les journalistes ont toujours été à la solde du pouvoir,ils reçoivent de très bon salaire pour cela,ils sont achetés;nous pauvres hères ne pouvons rien dire sans être traités de raciste,de xénophobe etc…Un jour peut-être ils s'en rendront compte mais il sera trop tard.Les biens pensants comme B H L et l'autre larbin qui écrit les discours des gouvernants,nous les prenons que pour ce qu'ils sont,des nuls.
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Il semble que mon commentaire admiratif soit passé à la trappe.Je vous renouvelle donc mes félicitations pour ce texte qui emporte mon adhésionpleine, entière et sans réserve. Et je vous mets dans mon blogroll.
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Jubilatoire et méritée, cette volée de bois vert.M'autorisez-vous à la copier dans mon blog, avec un lien actif vers votre référence ?
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Bon article sur les mercenaires de l'ordre établi.humaniteaupouvoir.over-blog.com
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Merci pour ce magnifique déballage de vérités !
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Vraiment excellent à diffuser sans modération, enfin la vérité sur les réalités cachées par nos médias honteusement « achetés » par nos dirigeants…..!Le jour est proche où ces réalités « cachées » vont exploser à la figure de ceux qui ne veulent pas voire…..Continuez de diffuser, votre écriture, votre style me ravi….!PP
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ça rejoint deux citations de John Swinton (rédacteur en chef du New York Times, 1829 – 1901) :« Le travail du journaliste consiste à détruire la vérité, à mentir sans réserve, à pervertir, à avilir, à ramper aux pieds de Mammon et à vendre son pays et sa race pour gagner son pain quotidien. »« Nous (les journalistes) sommes des prostituées intellectuelles. »
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ça rejoint deux citations de John Swinton (rédacteur en chef du New York Times, 1829 – 1901) :« Le travail du journaliste consiste à détruire la vérité, à mentir sans réserve, à pervertir, à avilir, à ramper aux pieds de Mammon et à vendre son pays et sa race pour gagner son pain quotidien. »« Nous (les journalistes) sommes des prostituées intellectuelles. »
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Merci,très bonnes citations! Et il connaissait son sujet…
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Voir aussi la partie B /, » Les journalistes « , de mon Index Nietzsche http://laconnaissanceouverteetsesennemis.blogspot.fr/2011/11/nietzsche-sur-lesprit-libre.html
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Bravo et merci de formuler dans un style élégant ce qu'on peut ressentir quand on observe le monde comme un candide décidé à se servir de son cerveau plutôt que comme un veau.
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My pleasure.
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Je me demande comment la France, qui aujourd’hui souffre dans son intelligence et sa probité, parallèlement à sa crise économique et sociale, se donne t-elle tant de mal à ameuter des bras cassés, des escrocs et des guenilles, elle qui a besoin pour sortir de sa torpeur intellectuelle de personnages imposants qui ont du génie et du sang nouveau à apporter au corps de la république ? Quand elle fabrique ces faux énergumènes qu’elle fait défiler sur ses plateaux Tv à la con, n’est ce pas une insulte au peuple français et aux contribuables, qu’elle torture à leur imposer de les écouter étaler leurs débilités à longueur d’émissions ? Voilà pour ceux qui se demandent encore pourquoi L'exception culturelle française est morte et ce ne sont pas ces larrons en foire qui vont y apporter quelque éclat, mais ce sont eux, qui surement vont l’enterrer à jamais, cette lointaine exception culturelle si elle a vraiment existé sous la république depuis 1789 ! La France est devenue pitoyablement naïve pour espérer briller avec du faux, au point de parier sur des journaleux médiocres et escrocs que n’intéresse que la rente viagère à percevoir au détriment des contribuables français .Coluche l’avait bien illustré en une phrase sur le pourquoi du coq comme emblème français, eh bien c'est parce qu’il est « le seul oiseau capable de chanter les pieds dans la bouse »
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Les grands journaux, et les médias en général, sont possédés aujourd'hui par des grands patrons qui infligent à leurs employés les journalistes, une discipline éditoriale qui les empêchent de dire ce qu'on leur interdit de dire…sous peine de se retrouver á la rue. C'est là encore la loi du « marché » qui sévit partout et sur tout.
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On peut dire que les 3 fractures citées par l auteur sont une très bonne synthèse du mal vivre Français… Il démontre la responsabilité de nos divers gouvernements qui nous plongent chaque un peu plus dans les abîmes…. العاب طبخ
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La vérité : « enfin » ? Les médias appartiennent tous ou presque à des milliardaires et vous voudriez qu'ils soient indépendants ? Vous venez de naitre ? Seuls trois médias sont indépendants : Le Canard, Marianne et Médiapart fortement contestés ( parfois de façon honnête, mais rarement)et, surtout que « ils » dérangent du « ronron » auquel nous habituent nos feuilles de choux…
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Médiapart indépendant!? Financièrement? Je ne sais pas, peut être. Mais ce qui est sure c'est qu'ils sont sectaires et pratiquent l'ostracisme pour les idées qu'ils ne partagent pas. Ainsi Edwy Plenel faisait campagne dans les médias, notamment à l'émission « c'est à vous » d'Anne Sophie Lapix, pour que Michel Houellebecq soit boycotté par les médias car il considérait que son roman « soumission » faisait du tort aux musulmans. Pour un journaliste, essayer de faire interdire de médias un romancier pour la teneur de son livre, est vraiment une ligne rouge qu'il a allègrement franchie et revendiqué.
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C'est encore plus tordu que ça, ces grand patrons ont le plus souvent de forts liens de connivence avec les politiques parce que la France ultra-bureaucratisée est classée 72ème pour la liberté économique. https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_libert%C3%A9_%C3%A9conomiqueCe n'est plus une économie de libre marché et les liens politiques permettent de faire de juteuses affaire sans être emmerdé par la concurence, la bureaucratie et les médias. Regardez la biographie et les contacts politique de Xavier Niel, Pierre Bergé, Matthieu Pigasse par exemple, vous retrouvez tous les indéboulonnables mafieux de la république avec en très bonne place les socialistes qui sont de très loin les plus dangereux ou les plus avantageux pour les affaires. Quand vous êtes du « camp du bien » vous pouvez vous permettre énormément de choses et même recevoir des financements publique.Le petit entrepreuneriat crève dans un environnement soviétoïde (65% de charge pour une PME, URSSAF meutrière) pendant que les grands patrons de mèche avec le monde politique font des affaires records. Xavier Niel a lui même déclaré en juin 2011 « Quand les journalistes m’emmerdent je prends une participation dans leur canard et après ils me foutent la paix ».
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