Affirmer que la civilisation catholique est judéo-chrétienne au prétexte que Jésus était juif, c’est aussi intelligent que d’affirmer que le premier homme étant africain, toute civilisation est africaine. Bref, c’est faire de l’âme une question d’ethnie.

Sans vouloir offenser mes amis juifs, je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de judéo dans ce qu’on nomme civilisation judéo-chrétienne. Je ne vois pas ce qu’il y a de judéo dans les églises, ni dans les cathédrales. Ni dans l’architecture des villes et des villages d’Europe. Je ne vois pas non plus ce qu’il y a de judéo dans ces mille peintures de Christ en croix et de Vierge à l’enfant qui ont germé du cœur et de la main des hommes les plus sensibles et les plus virtuoses que la Terre ait connus. Et je ne vois pas davantage ce qu’il y a de judéo dans la Pietà de Michel-Ange, dans le Requiem de Mozart ni dans le Stabat mater de Pergolèse. Je cherche l’art juif, et je ne le trouve pas. Quand j’observe la civilisation qu’on qualifie de judéo-chrétienne, je vois un souffle créatif qui ne vient pas du judaïsme, ni même du christianisme ; mais du catholicisme. La plus grande aventure artistique de tous les temps.