Ah non mais attendez ! Oh là là, malheureux ! Déprimez pas comme ça ! Mignon dites donc vous en faites pas ! On a bien mieux en stock que la nation ! La civilisation ! Et que la religion ! Oubliez ces vieilleries : on a la République ! Une et indivisible ! Avec ses belles valeurs ! Les Valeurs de la République ! Vous les connaissez pas ? Moi non plus. Mais elles sont belles, nos belles Valeurs ! Et elles sont grandes ! Et humanistes ! Et solidaires ! Et citoyennes ! Et magnifiquissimes ! Alors vous allez voir comment qu’elles vont bien nous servir, nos belles Valeurs Républicaines, contre les djihadistes ! Comment qu’ils vont trembler, Abdeslam et Merah, avec leurs lames et leurs kalashs, quand on va leur envoyer en plein chicots nos équipes Valeurs de la République ! Mille fois plus terrifiantes que le GIGN ! Affronter une équipe Valeurs de la République, voilà une perspective propre à terroriser le plus colérique enragé fanatique téméraire terroriste ! On aurait eu les équipes Valeurs de la République à l’époque de Ben Laden, eh ben je peux vous dire qu’il aurait moins fait le malin ! Totale pétoche ! C’est bien simple : Al-Qaïda n’existerait pas ! Pas plus qu’aucun djihadiste, d’ailleurs ! Broyés par nos Valeurs, ces sales petits branleurs ! Hein ? Quoi ? Comment ça vous les connaissez pas, nos équipes Valeurs de la République ?! Forces spéciales et très secrètes, ceci explique sans doute cela… Alors voilà : « L’équipe académique Valeurs de la République (EAVR) a vocation à conseiller et accompagner tout établissement ou personnel face à une situation d’atteinte aux valeurs de la République, et notamment à la laïcité. » Alors ?! EAVR !!! C’est bon ? Zêtes rassuré ?! Vous voyez qu’on maîtrise ! Que tout est sous contrôle ! Que les p’tits chenapans de Daech ont la coulante au derche à l’idée de croiser une équipe Valeurs de la République ! Que leur oignon envoie la soupe rien qu’à imaginer la taloche de bûcheron qui leur crèverait la tronche, si on les surprenait en situation d’atteinte à la laïcité ! Et dans le cas — fort improbable — où nos très convaincantes équipes Valeurs de la République ne suffiraient pas à ramener sur le chemin de la vertu des égorgeurs, kalashnikeurs, violeurs en tournante et tortureurs à la perceuse revenant de Syrie après avoir fait couler des hectolitres de sang, on a encore plus fort. Encore plus redoutable. C’est notre arme secrète, notre arme nucléaire, l’arme vraiment fatale :
… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :
« La seule manière de gagner de l’argent est de travailler de manière désintéressée. » Je révère Baudelaire, mais je dois me résoudre à cette désillusion : Baudelaire avait tort. Pour écrire, j’ai ruiné ma carrière. J’ai tiré un trait sur les gros salaires que me promettait mon gros diplôme de grosse école d’ingénieurs. Et je vais au devant de procès, d’intimidations, de saccages de ma vie sociale et de tourments en tous genres… J’en suis donc arrivé à me dire, peut-être orgueilleusement, que l’ivresse de mes textes valait bien celle d’un demi-demi de bière. Par mois… Et je me suis même dit, peut-être ingénument, que ceux qui m’appréciaient seraient heureux de pouvoir me témoigner leur gratitude par ce petit geste. Un petit geste pas si petit, à l’aune de l’effet qu’il aurait sur ma confiance et sur mon engagement… Un petit geste qui pourrait susciter de grandes choses… car si écrire est une activité solitaire, on est bien moins fécond lorsqu’on écrit dans le désert… Merci d’avance, donc, à ceux qui estimeront que mon temps, mes efforts, mes sacrifices, et surtout le plaisir qu’ils prennent à me lire valent bien ce petit geste de reconnaissance. Et d’encouragement. Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce siècle barbare, les belles plumes sont une espèce de plus en plus rare… une espèce menacée…