L’amour excessif de la vie est une descente vers l’animalité.
Baudelaire
Il est interdit d’interdire. Sauf les terrasses de café aux non-vaccinés.
Jouissez sans entrave. Mais avec un masque. Et avec un schéma vaccinal complet. Et avec un passeport vaccinal. Et avec un QR code. Et avec un test PCR de moins de 48 heures. Et avec les mains dûment savonnées. Et avec du gel hydroalcoolique. Et avec des gestes-barrière. Et avec une prise de température effectuée juste avant d’entrer. Et avec une distance interpersonnelle d’au moins deux mètres. Et avec des parois en plexiglas pour éviter tout contact. Vade retro, Covidas !
« Jeune catin, vieille dévote », écrivait Freud ; mais je ne suis même plus sûr qu’en l’occurrence, Freud soit d’un grand secours pour éclairer notre psychose hygiéniste. Malgré les lieux communs, les apparences et les clichés, mon intime conviction est que les soixante-huitards, ces vieilles dévotes aigries et pétochardes, n’ont jamais été de jeunes catins. Mon intime conviction est que…
… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :
« La seule manière de gagner de l’argent est de travailler de manière désintéressée. » Je révère Baudelaire, mais je dois me résoudre à cette désillusion : Baudelaire avait tort. Pour écrire, j’ai ruiné ma carrière. J’ai tiré un trait sur les gros salaires que me promettait mon gros diplôme de grosse école d’ingénieurs. Et je vais au devant de procès, d’intimidations, de saccages de ma vie sociale et de tourments en tous genres… J’en suis donc arrivé à me dire, peut-être orgueilleusement, que l’ivresse de mes textes valait bien celle d’un demi-demi de bière. Par mois… Et je me suis même dit, peut-être ingénument, que ceux qui m’appréciaient seraient heureux de pouvoir me témoigner leur gratitude par ce petit geste. Un petit geste pas si petit, à l’aune de l’effet qu’il aurait sur ma confiance et sur mon engagement… Un petit geste qui pourrait susciter de grandes choses… car si écrire est une activité solitaire, on est bien moins fécond lorsqu’on écrit dans le désert… Merci d’avance, donc, à ceux qui estimeront que mon temps, mes efforts, mes sacrifices, et surtout le plaisir qu’ils prennent à me lire valent bien ce petit geste de reconnaissance. Et d’encouragement. Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce siècle barbare, les belles plumes sont une espèce de plus en plus rare… une espèce menacée…
Ce texte fait partie de l’ouvrage :
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