Crépuscule(s)

Quand le ciel rose et bleu
Offre ses derniers feux
À mes yeux tristes et las
Et que, baissant les bras,

Je laisse en moi monter
L’insistante marée
De la mélancolie,
Placide, sans un bruit

(Sauf le grésillement
Du mégot finissant)
Je m’allonge, et j’attends
Que passent mes tourments ;

Les nuages ouatés
Bercent ma volonté,
Mes pensées se consument
En douces amertumes

Et les vagues volutes
S’estompant lentement,
Mon âme s’abandonne
À l’engourdissement.

Femme

Quand son corps apparaît, tout de grâce hésitante,
Avec son beau visage au dessin enchanteur
Et ses gestes empreints d’une molle candeur,
On croirait une biche, timide et élégante.

Elle envoûte l’esprit par ses airs indolents,
Ses ondulations hypnotisent les sens,
Le moindre de ses pas semble une douce danse ;
Pourtant, son déhanché est tout sauf innocent

Et son ingénuité s’arrête aux apparences ;
Elle sent, elle sait, cette vierge lascive
Qu’ardente ou nonchalante, opiniâtre ou passive,
De ses courbes s’exhale un parfum d’indécence

Dont tout homme se trouve aussitôt enivré
Et qui, tout en faisant, suave, miroiter
D’indicibles promesses d’infinies voluptés,
Est un opium auquel, corps et âme livré

Il est désormais vain d’espérer échapper.
Mais quel est l’insensé qui briserait les chaînes
D’un si doux esclavage ? Qu’importent donc les peines
Et les heures prostrées, si l’on peut attraper

Un fugace moment de féerie charnelle ?
Qu’importent la torpeur et les journées éteintes
Si la rançon en est une furtive étreinte ?
Oui, je suis disposé, ô amante cruelle

À offrir mon esprit, mon temps, ma volonté
Pour tes consentements hautains et éphémères ;
À sacrifier ma paix d’homme insouciant et fier
Sur l’autel incertain de notre volupté.

Captif, j’ai renoncé à toute dignité :
Pour contempler sans fin ton visage languide,
Je croirai sans soupçon tes mensonges perfides
Et resterai aveugle à tes déloyautés ;

Esclave de tes yeux, de tes seins, de tes reins,
Je veux, pour prolonger cette servilité,
Ne jamais déchiffrer tes infidélités,
De tes longues éclipses, oh, non, ne penser rien,

Et quand tu vas partir, accepter sans gémir
D’ignorer qui, demain, entendra tes soupirs
Et où te conduira ta quête du plaisir ;
Inlassable traîtresse, oui, je veux te bénir

Jusqu’en tes plus infâmes et sombres turpitudes ;
Ajouter foi à tes excuses fallacieuses,
À tes esquives de déesse dédaigneuse ;
Qu’ignorer tout de toi soit ma terne habitude.

Passionnément dupe, ainsi, je me résigne
Pour savourer toujours tes amères délices,
Tes feintes émotions, tes sentiments factices
À vouer mon existence à attendre tes signes ;

Que ma vie se consume et, vaine, s’évapore
Dans la morne hébétude et les heures atones
À fixer sans repos ce maudit téléphone
Qui ne vibrera pas ; qui reste comme mort

Mort comme mon esprit, et mort comme mon âme
Délabrée par l’espoir d’un mythique bonheur,
Rongée par la détresse et par le déshonneur,
Par l’opprobre exerçant sa lancinante lame.

Avant toi, ô merveille, ingénue libertine,
La femme était pour moi une chose futile,
Une esclave, une proie, un triomphe facile ;
Je dépends désormais de tes humeurs mutines ;

Tu es mon châtiment, mon expiation.
Esclave de ma proie, soumis à ma conquête,
La fierté m’a quitté de relever la tête,
Et j’apprends à chérir cette damnation :

Éperdu, je poursuis des mirages déments,
À des illusions, je dédie tout mon être,
Et, avec la fureur de qui veut disparaître,
Inexorablement, je cours à mes tourments.

Poubelle

«Il vaut mieux être avec les communistes qu’avec les identitaires», a déclaré Xavier Bertrand, rentier dodu du charlatanisme politique le plus abject, le plus hautain, le plus décomplexé — comme la droite du même nom. 

Cela étant dit, ce géant de l’Histoire de France a raison : il vaut mieux être associé à l’idéologie la plus criminelle du XXème siècle, qu’à des jeunes résistants qui combattent la religion la plus criminelle de tous les temps. 

Suicide

 Tant que les Européens avaient une identité, ils voyaient dans l’islam leur stricte antithèse, et le repoussaient avec ténacité. Aujourd’hui, les Européens sans visage ni honneur font entrer par millions des musulmans sur leurs terres.

Personne ne détruit les civilisations : ce sont les civilisations qui se suicident. L’islam ne détruit pas la civilisation européenne : ce sont les morts-vivants d’Europe qui, ayant arraché le cœur catholique de leur civilisation désormais disparue, appellent l’islam pour remplacer leur vide. Mais répétons-le, l’islam ne détruit rien. Puisqu’il arrive sur un champ de ruines.

Les impuissants

 Quand on est impuissant à contredire un message, on s’en prend au messager.
Depuis combien d’années, depuis combien de décennies les médias — et une large partie du peuple français — démontrent-ils leur impuissance face aux messages décrivant le réel ?

Tout est faux

Si tout le monde se tait, les pierres elles-mêmes crieront.
Luc 19,40

Supposons que le catholicisme soit une escroquerie. Un baratin obscurantiste. Un ramassis de fables idiotes. Eh bien j’affirme que même dans ces conditions, rien ne serait plus sensé que de souscrire à ces fables idiotes, à cet obscurantisme, à cette escroquerie. Parce qu’une escroquerie qui aboutit non pas à avilir l’homme, mais à l’élever ; un ramassis de fables idiotes qui embellit la Terre de cathédrales gothiques, d’églises baroques et d’innombrables chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture, de la musique et de l’architecture ; un baratin obscurantiste qui propulse l’humanité vers les plus hautes cimes de l’intelligence, qui crée une atmosphère propice au développement de génies comme Rubens, Raphaël, Mozart, Le Corrège, Pergolèse, Le Pérugin, Le Bernin, Le Tintoret, Giambologna, Borromini, von Erlach et quelques milliers d’autres embellisseurs du monde (quand notre brillante « civilisation » progressiste est infoutue de produire un seul artiste qui vaudrait la crotte d’un de ces géants) ; un tel baratin obscurantiste, une telle escroquerie, un tel ramassis de fables idiotes, je ne sais pas vous, mais moi, j’en redemande. Oui, je réclame ardemment d’être dupe de ces mensonges qui suscitent un tel souffle de vérité, de ces fadaises qui rendent l’homme si profond, de cette imposture qui mène l’humanité vers un si haut degré d’accomplissement. Sans hésitation ni regret, je garde la bêtise du catholicisme, et vous laisse l’intelligence du progressisme. Je garde Saint Louis, et vous laisse Macron. Je garde Rome, Florence, Vienne, Venise et Prague, et vous laisse La Courneuve. Je garde Mozart, et vous laisse Youssoupha. Je garde Molière, et vous laisse Yann Moix. Je garde Saint Augustin, et vous laisse BHL. Je garde Borromini, et vous laisse Jean Nouvel. Je garde Jeanne d’Arc, et vous laisse Sibeth N’Diaye. Je garde les églises, et vous laisse les éoliennes. Je garde mes foutaises superstitieuses de demi-trisomique crédule et trépané, et vous laisse à votre culte de Sainte Greta, à votre dévotion à Saint Vaccin, et à votre si rationnelle terreur devant le virus le moins mortel de l’Histoire. Oui, je garde mon piteux obscurantisme, et vous laisse vos brillantes Lumières. Vos étincelantes, vos flamboyantes, vos éblouissantes Lumières qui ont rendu l’homme si grand, si admirable, si enivrant d’intelligence et de beauté, quand mon obscurantisme n’a produit que laideur, tristesse et médiocrité. Je me demande seulement, quand je compare les bilans du progressisme et du catholicisme, où est l’obscurantisme. Où est le baratin. Où est l’escroquerie. Enfin non, justement, je ne me le demande pas.

Ce texte fait partie de l’ouvrage :

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