Il faut n’avoir jamais observé une piste cyclable pour croire au mythe de la « mobilité douce ».
Il faut n’avoir jamais observé cette déferlante de trottinettes féroces et de vélos furibonds pour imaginer que le barbare moderne appelé « bobo » deviendrait moins vulgaire, moins nerveux, moins puérilement égocentrique par la seule grâce d’un mode de transport.
Tout au contraire : une fois perché sur sa néo-monture, l’arrogance naturelle de ce bipède inepte se renforce de sa conviction d’être à la pointe de la dernière tendance — une tendance très subtile, et pas du tout oxymorique : l’écologie en milieu bétonné.
Plein de l’ignoble aplomb du conformiste, avec sa grosse gueule butée et sa face bien obtuse de pape constipé, il défile sur sa piste dans un silence paranormal. Un silence que viennent régulièrement troubler sa sonnette tressautante et ses hurlements d’égorgé quand un manant, c’est-à-dire un plouc déambulant à pied,
… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :
« La seule manière de gagner de l’argent est de travailler de manière désintéressée. » Je révère Baudelaire, mais je dois me résoudre à cette désillusion : Baudelaire avait tort. Pour écrire, j’ai ruiné ma carrière. J’ai tiré un trait sur les gros salaires que me promettait mon gros diplôme de grosse école d’ingénieurs. Et je vais au devant de procès, d’intimidations, de saccages de ma vie sociale et de tourments en tous genres… J’en suis donc arrivé à me dire, peut-être orgueilleusement, que l’ivresse de mes textes valait bien celle d’un demi-demi de bière. Par mois… Et je me suis même dit, peut-être ingénument, que ceux qui m’appréciaient seraient heureux de pouvoir me témoigner leur gratitude par ce petit geste. Un petit geste pas si petit, à l’aune de l’effet qu’il aurait sur ma confiance et sur mon engagement… Un petit geste qui pourrait susciter de grandes choses… car si écrire est une activité solitaire, on est bien moins fécond lorsqu’on écrit dans le désert… Merci d’avance, donc, à ceux qui estimeront que mon temps, mes efforts, mes sacrifices, et surtout le plaisir qu’ils prennent à me lire valent bien ce petit geste de reconnaissance. Et d’encouragement. Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce siècle barbare, les belles plumes sont une espèce de plus en plus rare… une espèce menacée…