Le consensus des incultes : voilà ce qui régit la vie des idées en France et en Occident. Voilà la boussole sur laquelle il est expressément conseillé de s’aligner. Une boussole à laquelle opposer la connaissance historique, l’approche dialectique et l’esprit critique est non seulement vain, mais extrêmement périlleux. Le consensus des incultes, en effet, comme tout phénomène de troupeau, a pour corollaire la haine de l’homme qui se distingue — dans tous les sens du terme. L’homme cultivé, l’homme curieux, l’homme exigeant qui aura passé ses nuits à lire et à essayer de penser par lui-même, recevra pour seuls salaires les sarcasmes et la haine.

Il y avait jadis une prime à la culture ; la culture, désormais, est le plus lourd handicap qui se puisse porter. Le seul handicap qu’il soit permis de stigmatiser. La meute des incultes a pris le pouvoir, et imposé sa vacuité hystérique comme nouvelle norme sociale. Contre toute tentative de pensée, elle aboie, et elle mord. Parfois jusqu’à la mort. Il n’est pas dit que la France et l’Occident se trouvent grandis par un tel régime. Ni qu’à terme, ils suscitent encore un immense respect. Mais c’est une autre Histoire…