Complotiste.
Sexiste.
Raciste.
Populiste.
Homophobe.
Islamophobe.
Fasciste.
Les hommes des Lumières n’échangent pas des idées : ils s’envoient des insultes.
Les champions de la Tolérance ne contestent pas des raisonnements : ils attaquent des personnes.
Le cercle de la Raison n’argumente pas : il s’indigne.
Sortie de deux mille ans d’obscurantisme et d’ignorance, l’humanité des Lumières ne sait faire qu’une chose : prêcher.
C’est que l’homme des Lumières est un religieux qui s’ignore.
Il croit avoir des idées, quand il n’a que des dogmes. Des dogmes qui, par définition, ne se discutent pas ; pas davantage qu’ils ne se démontrent. Des dogmes dont il serait blasphématoire de demander la démonstration.
Blasphématoire : en régime de Lumières, la notion de contradicteur n’existe pas : il n’y a que des blasphémateurs. Voilà pourquoi les « débats » contemporains se résument à des leçons de morale et à des échanges d’insultes. On ne dialogue pas avec un blasphémateur : on le stigmatise (bien qu’il soit très mal de stigmatiser), on le fustige, on l’invective, on lui explique à quel point il est méchant, immoral, déviant. Diabolique. « Les partisans du Brexit auront une place spéciale en enfer. » Ainsi s’exprime le président du Conseil européen, incarnation suprême du Progrès, de la Modernité et de la Raison…
Complotiste, sexiste, raciste, populiste, homophobe, islamophobe, fasciste ; autant de vocables qui, dans leur apparente diversité, désignent un seul et même personnage : le blasphémateur. Celui qui, dérogeant aux Saintes Écritures progressistes, ne peut…
… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :
« La seule manière de gagner de l’argent est de travailler de manière désintéressée. » Je révère Baudelaire, mais je dois me résoudre à cette désillusion : Baudelaire avait tort. Pour écrire, j’ai ruiné ma carrière. J’ai tiré un trait sur les gros salaires que me promettait mon gros diplôme de grosse école d’ingénieurs. Et je vais au devant de procès, d’intimidations, de saccages de ma vie sociale et de tourments en tous genres… J’en suis donc arrivé à me dire, peut-être orgueilleusement, que l’ivresse de mes textes valait bien celle d’un demi-demi de bière. Par mois… Et je me suis même dit, peut-être ingénument, que ceux qui m’appréciaient seraient heureux de pouvoir me témoigner leur gratitude par ce petit geste. Un petit geste pas si petit, à l’aune de l’effet qu’il aurait sur ma confiance et sur mon engagement… Un petit geste qui pourrait susciter de grandes choses… car si écrire est une activité solitaire, on est bien moins fécond lorsqu’on écrit dans le désert… Merci d’avance, donc, à ceux qui estimeront que mon temps, mes efforts, mes sacrifices, et surtout le plaisir qu’ils prennent à me lire valent bien ce petit geste de reconnaissance. Et d’encouragement. Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce siècle barbare, les belles plumes sont une espèce de plus en plus rare… une espèce menacée…