Gone girls

Celui qui promettrait à l’humanité de la délivrer de la sujétion sexuelle, quelque sottise qu’il dise, serait considéré comme un héros.
Freud

 

Il est des détails éloquents. Des broutilles révélatrices. Des événements en apparence futiles, mais qui recèlent en vérité l’essence d’une époque. Des changements que l’on tient pour insignifiants, mais qui signalent l’émergence d’un monde totalement nouveau ; tant il est vrai que, le plus souvent, l’essentiel prend le masque du dérisoire.

La disparition des grid girls est de ces événements apparemment infimes, mais qui en vérité disent tout de notre époque. La disparition des grid girls des paddocks de Formule 1, et leur remplacement par des grid kids. Des enfants innocents, en lieu et place de femmes fatales. Des êtres asexués, pour succéder à des créatures hypersexuées. Des gamins sans intérêt (pléonasme), après le tourbillon grisant des Vénus et leurs courbes hypnotiques. Entre les femmes lascives et les enfants lassants, l’Occident nouveau a choisi…

Fin de la libido, entrée des marmots. Fin des délices et des tortuosités de la vie adulte, place à la morne ingénuité de la vie enfantine. Fin de l’érotisme, place à la pureté. Fin de la séduction, de ses subtilités, de ses duplicités ; place au contact direct, à la spontanéité et aux relations vraies. Fin de la nuance, place à la transparence. Fin des passions, des excès, des ambiguïtés, des aléas et des désordres de la vie adulte : place à l’authenticité et à la simplicité de la vie enfantine. Place à la platitude. Place à l’ennui. Place au long dimanche de la vie occidentale. Un long dimanche aride, aseptisé, que n’anime plus aucun souffle vital (lequel est l’énergie sexuelle, et n’est que ça, quelque forme sophistiquée que celle-ci revête pour passer incognito).

L’épuration éthique de l’Occident touche au but : plus que jamais, Homo occidentalus est l’archétype de la créature castrée, inerte, hébétée… Grosse besace avachie, sans nerf ni énergie… dévirilisée… consentante à tout… même au meurtre de ses déterminants psychiques les plus essentiels…

La victoire des grid kids sur les grid girls, autrement dit de l’esprit d’enfance sur l’esprit de volupté : dans cet événement, qui ne tirera qu’un haussement d’épaules à la plupart des bipèdes occidentaux, c’est tout l’Occident contemporain qui se récapitule. C’est sa morale propre qui s’exprime. C’est sa structure mentale très particulière, c’est sa structure psychique encore plus particulière qui se font voir en pleine lumière. C’est l’anthropologie du néo-Occident qui déploie ses prestiges devant nos yeux aveugles.

Un Martien, s’il voulait embrasser d’un regard le tableau atroce de notre « civilisation », n’aurait qu’à s’intéresser à cet événement : il condense l’essentiel de notre Occident en phase terminale. Cet événement est un concentré d’Occident. A quelque niveau de lecture qu’on l’envisage, il contient une rare densité d’informations sur les forces qui se déchaînent pour faire du XXIème siècle l’épisode le plus calamiteux de l’histoire de l’humanité.

Ainsi, il n’est évidemment pas faux de voir dans ce énième recul de la visibilité des femmes une nouvelle victoire des féministes contre les femmes. Il faut en effet avoir les yeux remplis de médias pour encore ignorer que les féministes sont les pires ennemi-e-s des femmes (de même que les européistes sont les pires ennemis de l’Europe, et les antiracistes les pires ennemis du « vivre-ensemble »).

Depuis quarante ans, les féministes n’ont de cesse d’organiser l’invisibilité des femmes, sous le prétexte fallacieux de lutter contre leur réduction à leur dimension sexuelle. Jappements hystériques contre les publicités « sexistes », rugissements hargneux devant les vitrines de grands magasins exposant des femmes dénudées, etc. : les féministes font tout pour que la féminité déserte l’espace public.

Inlassablement, elles œuvrent à ce que la beauté et la grâce spécifiquement féminines, et qui sont indissociables d’une touche d’érotisme, voient leur champ d’expression diminuer. Puis disparaître. L’élégance féminine, la sensualité féminine, la douceur féminine doivent mourir, pour laisser place à l’idéal féminin des féministes : Christine Angot. C’est-à-dire Caroline de Ha

… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :

Ce texte fait partie de l’ouvrage :

Soutenez Nicolas L sur Tipeee