« C’est un parleur étrange, et qui trouve toujours,
L’art de ne vous rien dire, avec de grands discours »
Molière (Le Misanthrope. Acte II. Scène IV)
« Je pense qu’aussi longtemps que la diplomatie permet d’éviter la guerre, elle est préférable. »
Emmanuel Macron
« Parmi les péchés en parole, il faut éviter les paroles inutiles, c’est-à-dire celles qui ne servent en rien ni à celui qui les prononce ni à autrui. »
Saint Ignace de Loyola
« L’exigence de l’optimisme est la voie de l’espoir que nous voulons. »
Emmanuel Macron
« On cherche ce qu’il dit après qu’il a parlé »
Molière (Les Femmes savantes. Acte II. Scène VII)
« Il vous appartient de poursuivre le chemin jusqu’au bout et au-delà. »
Emmanuel Macron
« J’essaie de dire des choses — enfin j’espère. »
Emmanuel Macron
Molière est éternel.
Comme tous les grands écrivains, il capte dans ses personnages ce que l’homme a de permanent ; ce qui, par-delà les époques, les cultures et les mœurs, se manifeste immanquablement, sous des masques divers.
Il n’y a en effet que les progressistes et les incultes — mais c’est la même chose — pour croire que l’homme change fondamentalement ; il n’y a que les moulins à stéréotypes contemporains pour « penser » qu’il n’y a pas d’invariants anthropologiques : de tronc commun éternel à partir duquel se développent les branches, éphémères, propres à chaque époque.
Molière est un écrivain ; cela suffit à le différencier des pitres écrivassiers qui, de Marc Levy à Jean d’Ormesson, empoisonnent les cerveaux contemporains avec leur prose incolore, plate et sans vie.
Molière est un écrivain ; c’est pour cela que, trois siècles et demi après sa mort, il est bien plus vivant que tous nos graphomanes contemporains. C’est pour cela qu’à lui seul, il nous apporte sur notre temps un éclairage bien plus précieux que tous ces impotents réunis.
C’est parce qu’il est un écrivain que, trois siècles et demi après sa mort, il est infiniment plus actuelque tous ces anti-artistes qui tomberont dans l’oubli dès que le soleil médiatique se couchera sur leur imposture.
Il faut lire Molière, donc. Le lire et le relire. La vie est trop courte pour perdre son temps à ne pas lire Molière.
D’autant qu’en vérité, on gagne un temps fou, à lire Molière. On prend un plaisir fou, et on gagne un temps fou ; car on comprend en une comédie ce que d’autres expriment péniblement sur plusieurs centaines de pages, sans style et sans clarté. Et puis surtout, en lisant Molière, on réalise que les protagonistes de notre époque ont déjà été décrits, pour une large part. Décrits, analysés et mis en boîte.
Pour ne prendre qu’un exemple, la campagne présidentielle qui s’achève fut un long hommage à Molière. Hommage involontaire, bien sûr, tant la haine de la France et singulièrement de son art (qui « n’existe pas », dixit l’un des candidats) est vivace chez la quasi-totalité des candidats — et la majorité des électeurs. Mais hommage quand même. En cela, d’ailleurs, cette campagne aura été brillante. Hélas, en cela seulement.
Ainsi, François Fillon, c’est à la fois Harpagon et Tartuffe. Le pingre et l’imposteur. Le chantre de l’austérité qui porte des pulls à mille euros la manche — payés par le contribuable. Le champion de la sobriété qui se love dans des costumes qui coûtent un an de SMIC —
… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :
« La seule manière de gagner de l’argent est de travailler de manière désintéressée. » Je révère Baudelaire, mais je dois me résoudre à cette désillusion : Baudelaire avait tort. Pour écrire, j’ai ruiné ma carrière. J’ai tiré un trait sur les gros salaires que me promettait mon gros diplôme de grosse école d’ingénieurs. Et je vais au devant de procès, d’intimidations, de saccages de ma vie sociale et de tourments en tous genres… J’en suis donc arrivé à me dire, peut-être orgueilleusement, que l’ivresse de mes textes valait bien celle d’un demi-demi de bière. Par mois… Et je me suis même dit, peut-être ingénument, que ceux qui m’appréciaient seraient heureux de pouvoir me témoigner leur gratitude par ce petit geste. Un petit geste pas si petit, à l’aune de l’effet qu’il aurait sur ma confiance et sur mon engagement… Un petit geste qui pourrait susciter de grandes choses… car si écrire est une activité solitaire, on est bien moins fécond lorsqu’on écrit dans le désert… Merci d’avance, donc, à ceux qui estimeront que mon temps, mes efforts, mes sacrifices, et surtout le plaisir qu’ils prennent à me lire valent bien ce petit geste de reconnaissance. Et d’encouragement. Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce siècle barbare, les belles plumes sont une espèce de plus en plus rare… une espèce menacée…