
La morale de la Bourgeoisie me fait horreur.
Baudelaire
Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins.[…] L’essentiel est d’être bon aux gens avec qui l’on vit.
Jean-Jacques Rousseau
Qu’est-ce qui a créé plus de souffrances dans le monde
que les sottises des compatissants ?
Nietzsche
Toutes les époques ont raffolé, à des degrés divers, des grandes causes qui tirent des larmes sur le devant de la scène pendant qu’on fait les comptes en coulisses.
Philippe Muray
Notre pape est criminel. Je dis « notre pape », car c’est évidemment notre pape à tous, catholiques ou non. C’est le pape de toute l’humanité ; et ceux qui le contestent avec le plus de virulence sont souvent ceux qui le démontrent avec le plus d’éclat. Comment expliquer, sinon, qu’ils entrent dans des colères noires quand il explique que l’abstinence protège plus sûrement du sida que le préservatif (ce qui, il est vrai, est un affront à la logique), que l’avortement consiste à liquider un être humain en devenir (ce qui, il est vrai, est un affront à la biologie), qu’un couple homosexuel ne peut engendrer une famille (ce qui, il est vrai, est un deuxième affront à la biologie) ? Comment expliquer qu’ils se sentent si concernés par ce qu’il dit ? Si ces enragés n’avaient pas l’instinct de l’autorité du pape, s’ils ne percevaient pas malgré eux sa dimension universelle, ils ne prendraient pas tant à cœur ses déclarations. S’ils n’avaient pas en eux quelque chose de mystérieux qui se sent interpellé quand s’exprime le pape, ils le laisseraient parler, traitant par le mépris — et non par la haine — ses élucubrations obscurantistes, qui après tout n’engagent que ces arriérés de catholiques, ces crypto-fascistes aveugles aux merveilles que la déesse Modernité produit à flux tendu.
Mais ne digressons pas. Je disais donc que nous avions un pape criminel. Oh, je sais bien qu’on me trouvera excessif. Qu’une fois de plus, on me reprochera d’aller trop loin. De ne pas savoir modérer mes propos. De me complaire dans une surenchère de brutalité. On m’opposera que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Je sais tout ça. Mais je sais aussi quelque chose de bien plus important que ces glapissements de castrés, ces attaques d’illettrés dont la seule « référence littéraire » est la prose délavée des journalistes : c’est qu’étant catholique, en contestant le pape, je conteste Dieu. Eh bien tant pis, je le répète, même si ce n’est qu’avec effroi : nous avons un pape criminel. En effet, je suis sans doute très malhabile à écrire, mais je ne vois hélas pas d’autre adjectif pour qualifier un pape qui enjoint tout un continent de se rendre complice de trafiquants d’êtres humains. Criminel : je ne vois pas d’autre adjectif pour désigner un pape qui se fait le sponsor officiel des mafias de passeurs, approuvant et appelant au renforcement des mesures d’accueil qui rendent possible leur commerce abject. Pas d’autre adjectif pour qualifier un pape, autorité morale suprême, qui reste muet sur les fortunes colossales qu’amassent ces réseaux mafieux en exploitant la détresse humaine, pendant que des États exsangues — c’est-à-dire leurs citoyens — se dépouillent du peu qui leur reste pour c…
… restons entre esthètes : la suite est réservée à ceux qui savent vraiment apprécier ma plume. Explications :
« La seule manière de gagner de l’argent est de travailler de manière désintéressée. » Je révère Baudelaire, mais je dois me résoudre à cette désillusion : Baudelaire avait tort. Pour écrire, j’ai ruiné ma carrière. J’ai tiré un trait sur les gros salaires que me promettait mon gros diplôme de grosse école d’ingénieurs. Et je vais au devant de procès, d’intimidations, de saccages de ma vie sociale et de tourments en tous genres… J’en suis donc arrivé à me dire, peut-être orgueilleusement, que l’ivresse de mes textes valait bien celle d’un demi-demi de bière. Par mois… Et je me suis même dit, peut-être ingénument, que ceux qui m’appréciaient seraient heureux de pouvoir me témoigner leur gratitude par ce petit geste. Un petit geste pas si petit, à l’aune de l’effet qu’il aurait sur ma confiance et sur mon engagement… Un petit geste qui pourrait susciter de grandes choses… car si écrire est une activité solitaire, on est bien moins fécond lorsqu’on écrit dans le désert… Merci d’avance, donc, à ceux qui estimeront que mon temps, mes efforts, mes sacrifices, et surtout le plaisir qu’ils prennent à me lire valent bien ce petit geste de reconnaissance. Et d’encouragement. Car je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce siècle barbare, les belles plumes sont une espèce de plus en plus rare… une espèce menacée…
Remarquable ! comme toujours, d'ailleurs… merci Amitiés
J’aimeJ’aime
Merci à vous c'est très gentil!
J’aimeJ’aime
Je découvre votre blog grâce à un article de Causeur.fr. Un véritable plaisir de vous lire. Le bouillon de onze heure qui a remplacé l'hostie dans la grande communion suggérée par le pape ne me tente guère, d'autant que je suis athée, voire atterrée par la surenchère d'expressions religieuses, joue tendue contre barbe hirsute, beurk !!!
J’aimeJ’aime
Article tout à fait remarquable auquel je regrette sincèrement de « devoir » adhérer étant catholique et refusant que notre pays renie ses racines sa culture et sa religion chrétienne. Notre Pape est à l'inverse de ce que nous attendions de lui… un père normal aime ses enfants d'abord, les écoute, les accueille, les réconforte, les nourrit ! il ne les rend pas « jaloux » des autres, des étrangers!Il ne les fait donc pas commettre le péché du frère du fils prodigue… Merci à vous en espérant que le Pape le lira !?
J’aimeJ’aime
Merci. Ce pape est en effet terriblement inquiétant, on se demande où il s'arrêtera… Joyeux Noël cela dit.
J’aimeJ’aime
Je vous lis avec beaucoup d'intérêt depuis le début de votre blog.Je suis athée de « culture » catholique et sensible, au plus haut point, à la quête humaine de transcendance qui a laissé, surtout en France, un fabuleux héritage matériel (bâti) et philosophique. Comme vous, ce pape ne m'inspire pas confiance, c'est le moins qu'on puisse dire, mais un précédent pape Polonais était, à mes yeux, guère plus « recommandable » avec son rigorisme quasi moyenâgeux. PS: Plus légèrement, je vous trouve cruel envers les contrôleurs de la SNCF!Jean-Louis Ostrowski
J’aimeJ’aime
Bonjour,Merci pour votre commentaire. Un bémol,cependant : employer « moyenâgeux » dans un sens péjoratif est une énormité, pour qui connaît le Moyen-Age autrement que par les poncifs post-révolutionnaires. Regardez bien : il s'en faut de beaucoup que notre civilisation arrive à la cheville du Moyen-Age. J'attends encore notre Saint Louis, ou notre Jeanne d'Arc 2.0… Et l'équivalent contemporain des cathédrales… Sinon je vous concède que je suis un peu injuste envers ces pauvres contrôleurs SNCF! Merci encore.
J’aimeJ’aime
Comme toujours une vision très juste de la situation. On se demande comment et pourquoi nos dirigeants religieux et politiques peuvent ils à ce point être « à coté de la plaque ». Un mystère!
J’aimeJ’aime
« (…) va encore accentuer le morcellement communautariste déjà effroyable des sociétés européennes. » C’est précisément le but recherché par les dominants : diviser pour mieux régner.Chaque fois que je dis ça, on m’accuse de complotisme en faisant valoir le rasoir d’Hanlon : ne jamais attribuer à la malveillance ce que la stupidité suffit à expliquer.. Très juste. Mais le cynisme des dominants n’est pas incompatible avec la stupidité des dominés.
J’aimeJ’aime
Salut le NICO….Je vois que t'on article de 2015 fais mouche aujourd'hui avec le discours « foireux » de notre papi!!!letchetchene
J’aimeJ’aime