Padamalgam

Il n’est pire mensonge qu’un problème mal posé.

Bernanos

Les mobilisations pour la liberté d’expression qui ont suivi la tragédie du 7 janvier ont quelque chose d’émouvant. De réconfortant. Ce soulèvement massif et spontané de centaines de milliers d’individus est un événement aussi heureux qu’inattendu. Heureux, car il est toujours réjouissant de constater que le cadavre de l’Occident bouge encore et que, du moins en apparence, l’instinct de soumission n’a pas encore totalement aboli l’instinct de liberté. Inattendu, de la part de gens que le supplice actuel des chrétiens d’Orient — égorgements, crucifixions, esclavage sexuel des femmes et des fillettes — par les mêmes djihadistes, indiffère au plus haut point. Oui, même si l’on peut regretter qu’elle soit très (trop ?) tardive et très partielle, il faut saluer et encourager cette levée en masse contre la barbarie.

Cela étant dit, il serait illusoire, et pour tout dire néfaste, de surestimer la portée de ces mouvements. L’espoir qu’ils peuvent faire naître chez des observateurs hâtifs et optimistes doit hélas être tempéré. Il est à craindre, en effet, que ces soulèvements restent sans suite. Qu’ils ne portent pas de fruits. Qu’il n’en reste que le touchant souvenir d’un grand moment d’émotion collective et d’extase narcissique, où chacun se fantasme en défenseur héroïque de la liberté d’expression mais d’où toute clairvoyance, tout embryon de réflexion sur le problème de fond sont exclus. Paradoxe des communions dans l’indignation : elles suscitent la plupart du temps une hystérie collective qui tétanise l’intelligence et les condamne à n’être en définitive que des gesticulations aussi tapageuses que stériles, dont l’objet d’indignation ressort encore plus incompris qu’il ne l’était initialement.

Ce paradoxe, en l’occurrence, se double d’une contradiction frappante : ces rassemblements ont pour objet présumé de défendre la liberté d’expression, mais ils sont très mal engagés puisqu’ils commencent par interdire la libre expression de certaines paroles. Ils chérissent l’insolence, l’irrévérence, l’iconoclasme de Charlie Hebdo, mais s’empressent de proscrire certains propos iconoclastes. Ils prétendent s’opposer à la censure, mais se signalent précisément par une censure hargneuse et despotique de certaines analyses de la situation. Ils dénoncent le sectarisme et l’intolérance, mais ne tolèrent pas que s’y expriment librement certaines opinions.

« Pas d’amalgame ! » : voilà le mot d’ordre que glapissent en permanence ces doux soldats de la liberté. Voilà l’injonction comminatoire qui scande tous les discours de ces grands tolérants. Voilà le tabou qu’entendent imposer ces magnifiques briseurs de tabous ; voilà l’intimidation qu’ils exercent — après s’y être eux-mêmes soumis — tout en appelant fièrement à ne pas céder aux intimidations.

Vive la liberté d’expression, donc, mais interdiction d’établir un quelconque lien entre l’islam et des individus criant « Allah Akbar » ou « Nous avons vengé le prophète Mahomet ». Bah oui, enfin, quelle idée ! Comment êtes-vous câblé pour faire des raccourcis pareils ? Vous avez l’esprit bien farfelu, décidément ! Vous êtes un dangereux extrémiste, attention ! Un islamophobe, ça ne fait aucun doute ! Vous pensez vraiment que « Allah Akbar » est une locution musulmane ? On vous aura mal renseigné ! Vous avez dû lire de la propagande d’extrême-droite, c’est ça ! Pour proférer des sottises pareilles ! Vous êtes manipulé ! Un peu d’esprit critique, voyons ! Un peu de bon sens ! Mahomet n’a rien à voir avec l’islam ! C’est l’évidence même ! Informez-vous, enfin !

Ces Jean Moulin en carton prétendent combattre les censeurs, mais il y a longtemps qu’ils s’y sont soumis. Qu’ils participent à des manifestations monstres ou envoient des tweets grandiloquents pour clamer leur amour de la liberté d’expression et des droits de l’homme ne change rien à l’imposture que constitue leur engagement moutonnier et éphémère. Ils peuvent bien défiler en combinaison de combat « Je suis Charlie », ou affronter le Mal à coups de tweets antiterroristes (aussi efficaces que courageux — d’ailleurs, qu’attend le GIGN pour ouvrir un compte twitter ?), la vérité est qu’ils se soumettent scrupuleusement, et précisément, et depuis bien longtemps, à la revendication des terroristes : l’interdiction de critiquer l’islam.

Ils sont ainsi les complices objectifs, ou plus exactement les esclaves objectifs, de ces gens qu’ils prétendent combattre. Ces collabos peuvent toujours parader par centaines de milliers pour s’encenser mutuellement d’être de magnifiques résistants, ils peuvent toujours s’activer narcissiquement, communier dans une ivresse collective qui les empêche de distinguer nettement leur duperie, la vérité est qu’ils ont capitulé. Ils peuvent gueuler jusqu’à l’hypnose « Liberté d’expression ! » afin de se donner bonne conscience et de faire oublier, d’abord à eux-mêmes, qu’ils ne sont plus libres de s’exprimer : il y a belle lurette qu’ils ne la défendent plus, cette liberté d’expression. En tout cas pas là où elle est en danger.

Car il ne faut pas se payer de mots ; il faut remettre en question les discours des faussaires et des enfumeurs habituels, qui croient gagner à mal nommer les choses : ce n’est pas la sacro-sainte Liberté d’Expression, concept flou et fourre-tout, qui est en danger dans cette affaire ; ce n’est pas contre elle que les terroristes ont frappé : c’est contre la liberté de critiquer l’islam. Et seulement contre elle. C’est parce que Charlie Hebdo était l’une des dernières incarnations de cette liberté qu’il a été décimé ; c’est parce que ses dessinateurs refusaient de se soumettre à un interdit religieux qu’ils sont morts. Cet interdit, en revanche, est parfaitement intégré par nos élites politiques et culturelles, qui le propagent servilement depuis des décennies, ainsi que par l’immense majorité de nos concitoyens.

C’est pour cela que leurs t-shirts « Je suis Charlie », en plus d’être d’un ridicule achevé, sont abjects : tous ces gens ne sont pas du tout Charlie. Ils en sont même les plus indignes, les plus lâches, les plus odieuses antithèses. « Charlie », comme disent ces usurpateurs, ne s’interdisait pas d’éreinter férocement — et parfois bêtement — l’islam ; eux deviennent tout flageolants à la simple idée de prononcer ce mot. « Charlie » avait le courage, malgré les intimidations et les attaques, de persister à critiquer l’islam (dire cela n’implique pas nécessairement de souscrire au contenu de ces critiques, mais à leur principe, qui est celui du libre examen de tout) ; eux rampent depuis longtemps devant leurs nouveaux maîtres. Ils vivent à genoux, et ils mourront à genoux, pour paraphraser l’un des défunts dessinateurs.

Ces collabos qui posent au résistant ont d’ailleurs le padamalgam à géométrie variable : leur condamnation de tous les amalgames aurai-elle été si vive, si inflexible si les terroristes avaient crié « Vive le Pape » ou « Vive Marine Le Pen » ? Il est permis d’en douter… Oui, il serait instructif de faire des scénarios comparés ; de mettre en regard les discours entendus ces trois derniers jours, et ceux qui auraient été prononcés si ce carnage avait été commis au nom du Pape ou de Marine Le Pen… Il est en outre assez piquant de voir ces champions du « pas d’amalgame » le pratiquer abondamment en faisant peser une suspicion d’islamophobie sur toute critique de l’islamisme, accréditant ainsi l’idée qu’islamisme et islam sont une seule et même chose…

Hémiplégique est également leur amour de la liberté d’expression, qui ne semblait pas aussi fervent quand, il y a quelques semaines, des associations lancèrent une fatwa contre Eric Zemmour et exigèrent sa disparition du paysage médiatique (pour des propos concernant l’islam, quelle étrange coïncidence). On ne vit pas, alors, beaucoup de gens descendre dans la rue affublés d’un t-shirt « Je suis Eric ». Mais on me rétorquera qu’il n’y avait pas mort d’homme… sans s’aviser que la défense de la liberté d’expression est un bloc, et que toute concession aux censeurs accroît leur violence.

Mais pas d’amalgame, donc. Ces évènements atroces auraient pu, auraient dû nous dessiller les yeux. Au contraire, nous redoublons d’aveuglement ; nous nous livrons à une surenchère dans l’angélisme et le déni. Des décennies de conditionnement, d’intimidations, de terreur intellectuelle nous empêchent de voir avec lucidité ce qui se passe. Ces assassinats destinés à venger le prophète n’ont donc « rien à voir avec l’islam », assène sentencieusement la masse des perroquets qui n’a jamais lu une ligne du Coran. « Surtout, surtout, pas d’amalgame ! » bêlent ces incultes qui ignorent tout de la vie du prophète Mahomet. « Ces gens là ne sont pas des musulmans ! » jappent ces dociles toutous qui refusent obstinément de s’intéresser aux modalités de la vie au Qatar, en Arabie saoudite, et dans bon nombre d’autres pays où règne l’enchanteresse loi islamique…

Ces faux-amis des musulmans ne comprennent pas que leur défense moutonnière et ignorante de l’islam est le pire cadeau que l’on puisse faire aux millions de musulmans qui vivent leur foi de manière pacifique, dans un compromis avec la sécularité des sociétés européennes, et qui n’ont aucune envie de subir les sévérités d’un islam rigoriste. Il y a en effet des centaines de façons de vivre l’islam, comme le prouve la diversité des pratiques à travers le monde ; il y a des millions de musulmans qui ne tourneront jamais terroristes ou talibans, et qui condamnent la barbarie qui s’est exprimée ces jours-ci. Ils doivent être considérés avec fraternité et bienveillance. Mais les égards et le respect dus à ces musulmans ne changent hélas rien à cette vérité rigoureuse : le Coran et la vie du Prophète regorgent d’incitations à la violence. C’est avec une conscience aiguë de cette vérité qu’il faut aborder la question de l’islam, non pas en faisant peser une présomption de culpabilité sur l’ensemble des musulmans, non pas en instaurant un climat de défiance, mais au contraire parce que la naïveté et l’aveuglement volontaire se révèlent toujours, à plus ou moins long terme, les pires ennemis d’une relation saine, respectueuse et paisible.

Il faut donc envoyer foutre les petits terroristes intellectuels, les bataillons de capitulards qui voudraient faire passer leur lâcheté pour de la tolérance, leur soumission pour de l’ouverture à l’Autre, leur abdication de tout esprit critique pour de l’ouverture d’esprit. Il faut avoir le courage, non pas d’enfiler un t-shirt « Où est Charlie » ou de combattre le terrorisme avec des rafales de tweets, mais de chercher à comprendre pourquoi nous en sommes là. Evoquer les politiques d’immigration massive suivies depuis 40 ans, la faillite de l’assimilation, le développement subséquent d’un islamisme radical de plus en plus hostile à l’Occident. Surtout, il faut comprendre pourquoi l’échec de l’assimilation était inéluctable, indépendamment des renoncements politiques qui l’ont accéléré : regarder en face la vacuité de ce qu’est devenue la « civilisation » occidentale, son inconsistance, sa haine de son passé glorieux, l’aridité de ses « valeurs », son matérialisme absurde et insipide, et surtout son refus de la transcendance, son invivable vide spirituel. On n’assimile pas les gens à du vide…

« Détruisez le christianisme et vous aurez l’islam » avait prophétisé Chateaubriand dès 1840. Méditer cette phrase nous fournirait sans doute davantage de clefs pour comprendre le présent que de répéter comme des robots « Je suis Charlie ». Mais nous n’en ferons rien. Nous préférons les incantations à la réflexion. Les mots d’ordre à la discussion. Les abstractions idéologiques à la lucidité. Nous ne sortons pas de la pensée magique. Le poids de l’habitude… De la fierté, également : nous ne sommes pas prêts à admettre que ce que nous croyons penser est un tissu de contrevérités, de poncifs médiatiques qu’on nous a rentrés dans le crâne à grands coups de propagande. Nous ne pouvons pas reconnaître que depuis quarante ans, nous nous faisons balader, endormir, duper : la blessure narcissique serait trop douloureuse. Le changement de logiciel que réclame la situation ne se fera donc pas. Il demande trop d’efforts, et trop d’humilité. Nous persisterons dans l’aveuglement et l’angélisme, cet angélisme qui mène toujours à la barbarie. Comme nous l’apprend l’Histoire. Comme le rappellent les évènements de cette semaine. Comme ne manqueront pas de l’illustrer les tragédies qui viennent.

33 commentaires sur « Padamalgam »

  1. analyse pertinente équilibrée et nuancée que l'on a plaisir à lire dans cette époque troublée car ces manifestations spontanées ne doivent ^pas exclusivement étre fondées sur l »émotion et l'exaltation populaire mais doivent céder la place à l'analyse lucide et raisonnée que vous résumez si bien en allant à l'essentiel merci

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  2. Je ne connaissais-pas votre blog…Je vous dis chapeau pour votre analyse.Comme dit plus haut : pas un mot à retirer. Pas un mot de trop.Merci et… continuez; vous avez un nouveau lecteur.Ben

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  3. Bonjour, nous avons découvert votre blog il y a juste quelques jours, et depuis, nous nous régalons. La lecture de vos articles ( à voix haute) est jubilatoire !! Nous admirons le style, la pensée, le savoir,la pertinence, la lucidité, …Merci et nous sommes impatients de connaitre vos nouveaux écrits. Bien cordialement , alina et bruno

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  4. Enfin ! une analyse correspondant à ce que j'attendais, c'est à dire venant de quelqu'un qui n'a pas un QI de ver de terre trépané, comme tous ces porteurs de tee-shirts « Je suis Charlie », ou ces politiciens opportunistes qui se sont joints à eux.

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  5. A mon tour de découvrir votre blog … Vous êtes d'une précision chirurgicale dans vos analyses et commentaires et souvent, cela fait peur à force de réalité et de justesse. Je n'ajouterai rien aux compliments décernés dans les autres commentaires: ils sont plus que mérités. Mais à vous lire, il est si facile de pleurer la fin de notre civilisation chrétienne et occidentale alors qu'il faudrait se dresser et réagir … Un peu tard je le crains … Et comment ??? Merci encore

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  6. Merci infiniment.Que faire, demandez-vous ? Je ne sais pas. A mon humble avis les carottes sont cuites.Cependant, pour prolonger l'analyse en prenant un peu de recul historique, je constate que les plus hauts sommets de la civilisation ont été atteints en Europe, sous le catholicisme. Toute la splendeur de l'Europe vient du catholicisme, plus ou moins directement (qui lui-même a puisé dans l’héritage d’Athènes et de Jérusalem) ; il suffit d'avoir les yeux ouverts, et un minimum de culture historique, pour s'accorder sur cela.Sans l'armature de la religion, une civilisation s'effondre. Voilà la leçon de notre époque. Leçon terrible, car elle est une impasse de la pensée – un blasphème presque – pour la plupart des bipèdes contemporains qui, empêtrés depuis leur naissance dans le système de « valeurs » de progrès, de modernité et de laïcité, sont incapables de s’en distancer et d’en penser la relativité, la fragilité, la fin.Même nos intellectuels les plus lucides sont ainsi conditionnés, incapables de sortir du cadre éphémère des « valeurs républicaines » et de corréler la catastrophe contemporaine au meurtre du catholicisme – car c'est bien d'un meurtre qu'il s'agit. J'ai visionné il y a quelques mois un débat entre Michel Onfray et Eric Zemmour – deux esprits brillants, incontestablement – et j'ai été frappé de voir que souvent, quand ils abordaient les sujets de fond, ils se retrouvaient perplexes, embarrassés, livrant des réponses vaseuses et relativement inconsistantes (eu égard à la puissance qu’ils déploient sur les sujets « de routine médiatique »). C’est qu’il leur manquait la clef : il leur manquait l'explication par le catholicisme, ou plutôt par le défaut de catholicisme.Loin de moi l'idée de faire du prosélytisme, ce serait grotesque et de toute façon vain. L'affaire est entendue : le catholicisme est ringard, bourgeois, réac, misogyne, inégalitaire, obscurantiste, arriéré, pédophile, homophobe, responsable des Croisades, de l'Inquisition, de la Saint-Barthélemy, et de la plupart des maux de la Terre. Plus personne n'en veut. Et c'est cette répulsion suicidaire pour le catholicisme, auquel nous devons la beauté et la grandeur de notre civilisation, qui me fait penser que le redressement est impossible.Le catholicisme fut le moteur de la civilisation européenne, la civilisation la plus grandiose qui ait jamais été, et de loin. Nous avons décidé de couper le moteur, ce qui à partir de 1901 fut fait au-delà de nos espérances ; nous avons ensuite vécu quelques décennies sur le formidable élan laissé par cette religion ; mais il fallait bien s’attendre à s’arrêter, tôt ou tard… Nous y sommes. Voilà « l’humanité sans Dieu » qu’appelait de ses vœux le grand visionnaire Jules Ferry…Face aux chars d’assaut de l’islam, en tout cas, notre laïcité et nos valeurs républicaines sont des fétus de paille. Nous commençons à l'expérimenter. Alors nous brandissons fièrement en rempart notre civilisation judéo-chrétienne sans nous apercevoir que c’est un cadavre, puisqu’en détruisant le catholicisme, nous lui avons arraché le cœur.Vous le voyez, l’effort intellectuel et spirituel nécessaire à la victoire me semble largement hors de portée de l’humanité occidentale, endoctrinée sans retour dans la religion anticatholique. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas résister, individuellement, à la mesure de ses moyens. Qui ne dit mot consent ? Eh bien il faut dire, alors. Dire sans relâche. Pour ne pas donner son consentement. C’est une question de dignité. Et puis qui sait, peut-être en sortira-t-il quelque chose de bon. Après tout, «  il suffit d’une poignée pour être le sel de le terre ».

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  7. Il est trop tard, c'est foutu ? cela y ressemble en effet. Puisqu'il n'y aurait plus d'espoir, ne perdons pas courage -c'est contagieux. Merci à vous. humblement je vous dis que vous avez raison.

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  8. Parfait ! J'ai découvert votre blog et c'est vraiment sublime de pouvoir lire ce qu'on pense mais que, pour ma part, je n'aurai pas pu écrire. Et lire « Nous persisterons dans l’aveuglement et l’angélisme, cet angélisme qui mène toujours à la barbarie. Comme nous l’apprend l’Histoire. Comme le rappellent les évènements de cette semaine. Comme ne manqueront pas de l’illustrer les tragédies qui viennent. » un an après, avec justement ces tragédies qui ont été perpétrées depuis, montre, hélas, la lucidité de votre texte.

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  9. Je viens de découvrir votre blog grâce à un commentaire que vous avez laissé sur le forum de discussion du Figaro, et je dois dire que votre texte sur les manifestations dites « Je suis Charlie » correspond exactement à ce que je m'étais dit à l'époque.Je suis content de voir que la propagande prônant la soumission – comme l'a écrit Houellebecq – n'a pas encore touché tout le monde.Cela dit j'ai un point de désaccord avec vous: vous dites dans votre réponse à Anonyme que les carottes sont cuites. Outre le pessimisme de cette phrase – que vous appelez probablement réalisme puisque cela correspond à votre opinion – je pense que vous sous estimez les capacités de rebond de la Grande Nation.Je pense que les nations seront le refuge des peuples quand l'explosion ethnique et religieuse aura lieu, et cela d'autant plus que l'utopie Européenne est maintenant battue en brèche par le retour des réalités qui, tel un boomerang, revient en pleine figure de ceux qui la rejetaient et qui allaient jusqu'à nier son existence afin de ne pas remettre en cause leurs dogmes qui ressemblent eux-mêmes à des croyances religieuses.Parmi ces Nations je pense que la France a des atouts non négligeables en raison de son vieux fond de patriotisme (au sens Patrie= terre de nos pères) et des capacités de rébellion de son peuple qui a maintes fois montrée sa tendance à refuser, justement, la soumission.Je mets votre blog dans mes favoris et je vous relirai avec plaisir.Quant à moi je ne me soumets pas.

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  10. Je vous remercie. La nation, en effet, est un premier recours. Mais il ne suffira pas. Il faut à mon sens un principe supérieur à la fierté patriotique pour qu'une civilisation se maintienne. Un principe spirituel. Le patriotisme n'en est qu'un complément de second ordre (ce qui ne veut pas dire que je le méprise,loin de là). Pour plus de développements, je me permets humblement de vous renvoyer à mon texte intitulé « Trois religions ». Merci encore pour vos encouragements.

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  11. Plus d'un an demi après je découvre ce texte. Quelle clarté dans l'analyse encore si juste maintenant alors qu'à l'époque tous les médias se vautraient dans le compassionnel et l'émotionnel. La justesse de l'analyse avec une si belle plume, dommage que les médias censeurs la tiennent cachée! Et votre article « les trois religions » m'incite à réfléchir sur le dogme de la laïcité face au péril de l'islam.

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  12. Merci. Je m'efforce en effet, autant que mes capacités me le permettent, de faire des textes qui résistent à l'épreuve du temps.N'hésitez pas à combattre la censure en partageant votre découverte! Merci encore.

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  13. Bonjour Nicolas,J'apprécie beaucoup votre blog pour ses textes limpides et visionnaires et je viendrai désormais vous lire régulièrement. Comment pourrait-il en être autrement lorsque le climat politique et social qui prévaut en France ne fait que confirmer ce que vous écriviez et ce que beaucoup d'entre nous pensaient sans pouvoir l'exprimer de facon aussi lumineuse que vous ne le faites? J'ai toutefois une demande d'éclaircissement à vous soumette: vous faites allusion dans votre commentaire du 20 novembre 2015 au génie du “catholicisme“. Ne vaudrait-il pas mieux cependant parler de “christianisme“?

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  14. Bonjour Nicolas,J'apprécie beaucoup votre blog pour ses textes limpides et visionnaires et je viendrai désormais vous lire régulièrement. Comment pourrait-il en être autrement lorsque le climat politique et social qui prévaut en France ne fait que confirmer ce que vous écriviez et ce que beaucoup d'entre nous pensaient sans pouvoir l'exprimer de facon aussi lumineuse que vous ne le faites? J'ai toutefois une demande d'éclaircissement à vous soumette: vous faites allusion dans votre commentaire du 20 novembre 2015 au génie du “catholicisme“. Ne vaudrait-il pas mieux cependant parler de “christianisme“?

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  15. Merci beaucoup. J’emploie précisément le mot « catholicisme » et non pas « christianisme », car je ne veux pas que mes éloges profitent abusivement au protestantisme. Je n’ai rien contre les protestants, évidemment : en tant qu’individus, ces derniers ont a priori toute ma bienveillance. D’ailleurs, certains protestants le sont moins qu’ils ne le croient ; à l’inverse, il y a énormément de gens qui sont protestants sans le savoir…Mes préventions à l’égard du protestantisme sont d’ordre doctrinal : la conception protestante de l’homme non seulement me répugne, mais m’apparaît très largement responsable du mal-être contemporain, de cette immense lassitude dans laquelle est plongé l’Occident, ce long dimanche de la vie auquel je n’entrevois qu’une issue tragique… Si les Occidentaux sont devenus si mornes, si aseptisés, si impuissants à créer du sens, de la consistance et de la beauté, c’est à la victoire du protestantisme qu’ils le doivent. Il serait trop long de dresser ici la généalogie du naufrage de l’Occident, mais il existe une filiation entre le protestantisme et la pastorale des droits de l’homme, de la fraternité, de la diversité, de la tolérance et du padamalgam qui régit la « pensée » occidentale depuis quarante ans ; toute cette philanthropie abstraite, niaise et moralisante qui n’a abouti qu’à nous rabougrir, à nous anémier, à nous tétaniser dans la haine de soi et le consentement à notre effacement, est un dérivé du protestantisme ; toutes ces bonnes intentions qui nous ont conduit à l’enfer, car elles reposent sur une définition incomplète de l’homme, sont liées au protestantisme.Oui, le protestantisme est à la racine de ce que j’appellerais la Grande Dépression occidentale, cette hébétude qui nous consume depuis quarante ans, et à laquelle il est de moins en moins sûr que nous survivions…C’est que, fondamentalement, le protestantisme est un angélisme : une fois mis aux commandes (essentiellement par la Révolution), il ne pouvait donc que nous vider de tout principe vital, puis laisser le champ libre à la barbarie et au chaos. Cette évolution était inéluctable. Elle a eu lieu. Nous voilà parvenus au point critique, où l’effondrement risque de s’accélérer, où un basculement irréversible menace de s’opérer. A moins que… En outre, et c’est encore plus révélateur à mes yeux, la religion protestante n’a presque rien produit sur le plan artistique. Pire, elle a régulièrement suscité des déchaînements de fureur iconoclaste. Religion non seulement stérile, mais destructrice…Ainsi au XVIème siècle, le protestantisme a détruit une somme innombrable de trésors artistiques. Un véritable holocauste de statues, de peintures, d’églises, réduites en poussières et en cendres… Or la haine de la beauté est incompatible avec l’amour de l’homme. On est même en droit de juger la vision de l’homme qui sous-tend une civilisation à l’art — ou à l’absence d’art — qu’elle suscite. Car l’art force le trait : il porte à incandescence les qualités et les défauts d’une conception de l’homme. L’art contemporain, par exemple, est de loin le meilleur témoignage de l’estime que la pensée contemporaine (c’est-à-dire sartrienne et cohn-benditienne) nourrit pour l’homme, derrière ses discours prétendument humanistes et ses pitreries optimistes…

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  16. Un système qui ne suscite pas de joie, pas de beauté, un système qui élude la dimension charnelle de l’homme et ne cherche pas à le séduire aussi par les yeux et par les oreilles, un tel système est à mes yeux terriblement suspect… En tout cas, il n’emportera jamais mon adhésion. Je déteste l’austérité, je déteste la stérilité, je déteste la sécheresse ; seuls m’enthousiasment ceux qui cherchent à « étendre la joie et la beauté au détriment de la tristesse », pour paraphraser Mozart. De ce point de vue, je ne connais rien de plus grisant que le catholicisme (qui est évidemment bien plus qu’un système ou qu’une doctrine, puisque c’est une foi, puisque c’est LA religion).Promenez-vous en Europe : presque tout le plaisir que vous prendrez, vous le devez au catholicisme. Rome, capitale de la beauté, et capitale du catholicisme… Coïncidence ? Bien sûr que non. Et Vienne. Prague. Modica. Etc. Et la musique religieuse de Mozart, au service de la liturgie catholique. Et Rubens. Les coups de génie du catholicisme sont innombrables. Partout, le catholicisme a enrôlé — que dis-je, a suscité — les plus grands hommes pour étendre la joie au détriment de la tristesse. Il serait temps que nous prenions la mesure de ces miracles… Il serait temps que nous réalisions l’ampleur que le catholicisme a donné à la vie humaine…

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  17. Bonjour,Vous opposez souvent Catholicisme et Protestantisme dans vos écrits. Connaissez-vous le mouvement Slavophile ? Et notamment Alexeï Khomiakov, qui a à mon avis d'intéressantes thèses sur le caractère finalement très complémentaire de ces deux versions de ce qu'il appelle le 'Schisme latin' … Je précise que je suis Catholique de rite traditionnel (tendance Sédévacantiste, pour ne rien vous cacher). Cordialement,

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  18. Bonjour,je lis votre article 7 ans après.J'ai « résisté » en 2015 et vue que c'était mort, nous étions des milliers et PERSONNE ne brandissait de caricature sauf un groupe de rouges mais c'était sur les Juifs ou le Pape.Même pas peur ?Mon cul ! (si vous me permettez cette grivoiserie).

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